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"Mère & Enfant
Une femme enceinte mit au monde un enfant. À peine l'enfant était-il né qu'il se jeta sur sa mère & la tua. Puis il se mit à la manger.
Brusquement l'enfant s'écria:
Le petit doigt de ma mère est resté coincé en travers de ma gorge & je n'arrive pas à le retirer.
Sur ces mots, l'enfant se donna la mort, après avoir tué & dévoré sa mère
(raconté par Inugpasugjuk)
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La femme qui élevait une larve
Il était une fois une femme stérile qui ne pouvait pas avoir d'enfant. Elle finit par adopter une larve, qu'elle nourrissait en lui faisant sucer ses aisselles. Au bout de peu de temps, la larve se mit à grossir. Mais plus elle grandissait, et moins la femme avait de sang pour la nourrir. Elle allait donc souvent marcher dans le voisinage, pour activer sa circulation. Mais elle ne restait jamais longtemps loin de chez elle, car elle pensait sans cesse à sa larve chérie & se hâtait d'aller la retrouver. Elle lui manquait tellement, elle s'était tellement entichée d'elle que chaque fois, en arrivant dans l'entrée de sa maison, elle l'appelait en disant:
Oh, toi mon petit qui sais siffler, fais-moi"ti-i-i-i-I-I".
Et à peine avait-elle dit ça, que la larve lui répondait:
"ti-i-i-i-I-I".
La femme se hâtait alors d'entrer, prenait la larve sur ses genoux et lui chantait:
Toi mon petit qui m'apporteras de la neige
quand tu auras grandi
Toi mon petit qui m'apporteras de la viande
quand tu auras grandi...
Puis elle se mettait à la mordiller de partout, tellement elle l'aimait.
La larve grandit & finit par devenir énorme. Elle se mit alors à ramper dans le village, entre les maisons, & les gens avaient peur d'elle & voulaient la tuer-d'une part parce qu'ils avaient peur & d'autre part parce qu'ils se disaient que c'était vraiment une honte de rester les bras croisés, alors que cette malheureuse pâlissait de jour en jour, tant elle donnait de son sang.
Aussi, un jour où la femme était partie en visite, ils se rendirent dans sa maison & mirent la larve dehors, la poussant dans le caniveau. Puis les chiens se jetèrent sur elle et la déchiquetèrent. Le sang giclait de partout, car la larve en était pleine.
La femme revint de sa visite sans nourrir le moindre soupçon & une fois arrivée chez elle, elle appela la larve comme à son habitude. Mais personne ne lui répondit & la femme s'exclama:
Oh ils ont chassé de chez moi on enfant chéri.
Elle fondit en larmes & pénétra dans sa demeure en pleurant.
(raconté par Ivarluardjuk)"Au début du XXe siècle, les grandes expéditions d’exploration connaissent un dernier sursaut avec des destinations qui restent encore sauvages et inconnues : les pôles. Ces points géographiques attisent les passions de pays qui en déposant là leur drapeau veulent étendre leurs possessions territoriales, mais aussi démontrer le dynamisme de la nation. La course au pôle Sud sera remportée par le Norvégien Roald Amundsen le 14 décembre 1911. Il double ainsi son concurrent britannique Robert Falcon Scott qui lui, ne l’atteindra que quelques semaines plus tard, le 12 janvier 1912.
L’expédition de Robert Falcon Scott pour la Royal Navy est entrée dans la légende notamment en raison de son issue tragique. Le Terra Nova, le trois-mâts dirigé par Scott, arrive à la barrière de Ross le 4 janvier 1911. Un campement est organisé afin d’hiverner (dans la nuit polaire, les températures tournent autour de – 65°) et d’attendre le prochain été austral pour parcourir les 1450 kilomètres qui séparent les hommes du pôle. Fin 1911, ils démarrent avec chevaux, chiens et traîneaux à chenilles, mais bien vite, les rations commencent à manquer, les animaux sont décimés et les machines hors circuit. Ce sont quatre hommes qui arrivent au pôle, dépités et vaincus par l’équipe norvégienne. Leur retour est un véritable calvaire. Dans des températures de plus en plus basses, épuisés, affamés, les derniers explorateurs finissent par être immobilisés dans leur tente par une tempête durant plusieurs jours. On ne retrouvera les corps gelés dans leurs sacs de couchage que sept mois plus tard…
Avant le tournage de Nanouk l’Esquimau par Robert Flaherty (1922), cette expédition est l’occasion de conférer aux immensités glacées leurs lettres de noblesse dans le domaine du cinéma. En effet, le capitaine Scott est accompagné du photographe et cinéaste Herbert Ponting qui va ramener quantité de pellicules et de clichés documentant le voyage. Plusieurs montages de son film sortiront en 1911, en 1914, en 1924, puis en 1933. Une restauration récente de la pellicule par le British Film Institute permet de lui conférer enfin la place qu’il mérite dans l’histoire du cinéma. Le film est caractérisé par la beauté parfois effrayante des paysages rencontrés, mais aussi par divers artifices de montage, de coloration de la pellicule et d’intégration de photographies en stop motion.
Suite à la restauration de l’œuvre, la réalisation d’une nouvelle bande-son a été confiée à Simon Fisher Turner. Son travail a consisté à apporter une réflexion musicale sur le silence qui règne sur la banquise. Dans sa composition, on entendra notamment la cloche du Terra Nova, des disques enregistrés avant 1911 et emportés à l’époque sur le bateau (notamment un aria de Madame Butterfly de Puccini) et même du silence capté en 2010 dans ce qui subsiste de la cabane de Scott ! L’heureuse combinaison des images de Ponting et de cette musique font de la vision du film une incroyable expérience sensorielle.
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