Je suis un sauvage
dimanche 29 avril 2012
samedi 28 avril 2012
Les Sauvages
Habergeiss, Tauplitz, Autriche |
Trase de cuerdas, Zarramacadas de Mecerreyes, Espagne |
Sauvage, Le Noirmont, Suisse |
Babugeri, Bansko, Bulgarie |
Colonganos, Austis, Sardaigne, Italie |
Perchten, Werfen, Autriche |
Chriapa, Ruzomberok, Slovaquie |
Tschäggättä, Lötschental, Suisse |
La lecture et la contemplation de l'incroyable Wilder Mann ou la figure du sauvage (Thames & Hudson, 2012) donne envie de répondre à l'appel de la forêt, d'aller faire résonner des cloches dans des pâturages perdus. Pour cet ouvrage, le photographe Charles Fréger a visité de nombreuses contrées européennes où se perpétue la tradition carnavalesque de l'"homme sauvage", convoqué pour la régénération de la nature au printemps, pour "le jugement, la mise à mort ou les funérailles qui sont supposés marquer un point final à l'année écoulée", lors de labours rituels, de mariages... Plus de 200 photographies sont expliquées en fin d'ouvrage, par exemple comme ci-dessous, pour l'homme suisse déguisé de branches de sapin.
"Le Noirmont, canton du Jura, Suisse
Dernière lune avant les Jours Gras
A l'occasion de la pleine lune qui précède les Jours Gras, les Sauvages sortent de la forêt et traversent les pâturages avant d'arriver au village, sur un fond sonore composé de bruits de cloches, de claquements de fouets et de leurs cris caractéristiques, "hoy, hoy !". Sur leur parcours, ils noircissent le visage de toutes les personnes qu'ils rencontrent, leurs victimes préférées étant les jeunes filles. Celles-ci essaient de deviner qui se cache sous leur costume. Lorsqu'elles croient avoir identifié un Sauvage, elles crient : "Connu !". Les poursuites sont alors lancées. Si les Sauvages attrapent une des demoiselles, ils lui noircissent d'abord le visage au cirage et la portent ensuite jusqu'à la fontaine où elle est jetée à l'eau."
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vendredi 27 avril 2012
La danse de la pieuvre
A l'occasion du 500e billet posté ici, je suis très heureux d'annoncer une soirée sous le signe de la fureur et de la beauté animales. Plus d'infos bientôt. Et un grand merci à Jérôme, notre concepteur d'affiche !
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Mnémotourisme (1)
Aggie Jones, dite Tante Aggie, était esclave. Après l'émancipation, elle fait l'acquisition d'un terrain non loin de Lake City, en Floride. Là, elle entreprend de construire toute une série de structures en se servant d'ossements animaux. Entre 1900 et 1918, année de la mort de Tante Aggie, le lieu est fréquenté par de nombreux visiteurs. L'entrée est gratuite, on peut y acheter de jolis bouquets de fleurs, y admirer des squelettes d'alligators ou encore y écouter Aggie réciter ses versets préférés de la Bible. Les images proviennent de là.
Le mnémotourisme, ce sera désormais l'évocation d'un lieu (paysage, mais aussi être vivant, objet ou idée) qui n'existe plus que sous une forme fantomatique. Notre passé est constellé de lumières. Dans mon sac, il y aura une lanterne sourde et de quoi construire un feu. N'hésitez pas à me communiquer des idées de destination.
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mercredi 25 avril 2012
La danse des possédés (26)
Abner Jay et une jeune joueuse d'os non identifiée lors du Florida Folk Festival entre 1977 et 1979. |
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mardi 24 avril 2012
Blason du con
La germination vous siéra-t-elle Madame de Laussel ?
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Blason du con de Claude Chappuys (1536)
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"Petit mouflard, petit con rebondi,
Petit connin plus que levrier hardi,
Plus que le lion au combat courageux,
Agile et prompt en tes follastres jeux,
Plus que le singe ou le jeune chaton,
Connin vêtu de ton poil folastron,
Plus riche que la toison de colcos,
Connin grasset, sans arêtes, sans os,
Friant morceau de naîve bonté,
O joli con bien assis, haut monté,
Loin de danger et bruit de ton voisin,
Qu'on ne prendrait jamais pour ton cousin.
Bien embouché d'un bouton vermeillet,
Ou d'un rubis servant de fermaillet,
Joint et serré, fermé, tant seulement
Que ta façon ou joli mouvement,
Soit le corps droit, assis, gambade, ou joue,
Si tu ne fais quelque amoureuse moue ;
Source d'amour, fontaine de douceur,
Petit ruisseau appaisant toute ardeur :
Mal et langueur : ô lieu solacieux,
Et gracieux, séjour délicieux,
Voluptueux plus que tout autre au monde ;
Petit sentier qui droit mène à la bonde
D'excellent bien, et souverain plaisir,
Heureux sera celui duquel le désir
Contentera, qui prendre te pourra,
Et qui de toi pleinement jouira."
Petit connin plus que levrier hardi,
Plus que le lion au combat courageux,
Agile et prompt en tes follastres jeux,
Plus que le singe ou le jeune chaton,
Connin vêtu de ton poil folastron,
Plus riche que la toison de colcos,
Connin grasset, sans arêtes, sans os,
Friant morceau de naîve bonté,
O joli con bien assis, haut monté,
Loin de danger et bruit de ton voisin,
Qu'on ne prendrait jamais pour ton cousin.
Bien embouché d'un bouton vermeillet,
Ou d'un rubis servant de fermaillet,
Joint et serré, fermé, tant seulement
Que ta façon ou joli mouvement,
Soit le corps droit, assis, gambade, ou joue,
Si tu ne fais quelque amoureuse moue ;
Source d'amour, fontaine de douceur,
Petit ruisseau appaisant toute ardeur :
Mal et langueur : ô lieu solacieux,
Et gracieux, séjour délicieux,
Voluptueux plus que tout autre au monde ;
Petit sentier qui droit mène à la bonde
D'excellent bien, et souverain plaisir,
Heureux sera celui duquel le désir
Contentera, qui prendre te pourra,
Et qui de toi pleinement jouira."
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lundi 23 avril 2012
Echange linguistique
Hier, on suivait la route qui sillonne notre colline quand la grêle a commencé à tomber. Protégé par les arbres en train de reverdir, je suis arrivé à un des plus beaux points de vue sur ma ville. Là où elle devient transparente, là où tous les sons s'annulent pour former une rumeur incessante. Quelques jeunes gens s'y trouvaient déjà, mais nulle sensation d'émerveillement dans leur regard, l'heure était grave. Venaient-ils de commettre un crime ? Non, rasés de près, ornés d'apparats voyants, ils se tenaient immobiles face à un de leurs congénères armé d'un appareil photo dont la taille laissait deviner le sérieux de leur entreprise. Il s'agissait tout simplement de s'approprier le paysage afin de produire un portrait commémoratif. Composaient-ils les forces vives d'un jeune groupe de rock, d'un atelier protégé, d'un échange linguistique ? Ai-je assisté à la naissance d'un mythe ? Tant de questions au risque de se faire écraser le nez et racler la tronche par terre.
J'obliquai et m'enfonçai dans la forêt.
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Robert Wyatt
jeudi 19 avril 2012
Son creux
"Si un livre et une tête se heurtent et que cela sonne creux, le son provient-il toujours du livre ?"
G.C. Lichtenberg, Le miroir de l'âme.
G.C. Lichtenberg, Le miroir de l'âme.
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lundi 16 avril 2012
La peur
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On pense à un week-end entre camarades dans le Nord Est de la France afin d'aller voir les sites de la Grande Guerre. Bien entendu, il s'agit de préparer le déplacement par des lectures opportunes. Ci-dessous, en guise d'aide-mémoire, une liste non exhaustive des livres lus ou à lire sur le sujet.
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Blaise Cendrars, La main coupée.
Maurice Genevoix, Ceux de 14.
Roland Dorgelès, Les croix de bois.
Edouard Coeurdevey, Carnets de guerre 1914-1918 : Un témoin lucide.
Henri Barbusse, Le feu.
Frederic Manning, Nous étions des hommes.
Jean Giono, Le grand troupeau.
Ernst Jünger, Orages d'acier, Le boqueteau 125, La guerre comme expérience intérieure.
Gabriel Chevallier, La peur.
Pierre Miquel, Les poilus.
Louis Maufrais, J'étais médecin dans les tranchées : 2 août 1914-14 juillet 1919.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.
Wilfred Owen, Et chaque lent crépuscule.
Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918.
Léon Werth, Clavel soldat.
Erich Maria Remarque, A l'ouest rien de nouveau.
Ernest Hemingway, L'adieu aux armes.
Guillaume Apollinaire, Calligrammes, Poèmes à Lou.
Joseph Delteil, Les poilus.
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Blaise Cendrars, La main coupée.
Maurice Genevoix, Ceux de 14.
Roland Dorgelès, Les croix de bois.
Edouard Coeurdevey, Carnets de guerre 1914-1918 : Un témoin lucide.
Henri Barbusse, Le feu.
Frederic Manning, Nous étions des hommes.
Jean Giono, Le grand troupeau.
Ernst Jünger, Orages d'acier, Le boqueteau 125, La guerre comme expérience intérieure.
Gabriel Chevallier, La peur.
Pierre Miquel, Les poilus.
Louis Maufrais, J'étais médecin dans les tranchées : 2 août 1914-14 juillet 1919.
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit.
Wilfred Owen, Et chaque lent crépuscule.
Louis Barthas, Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier, 1914-1918.
Léon Werth, Clavel soldat.
Erich Maria Remarque, A l'ouest rien de nouveau.
Ernest Hemingway, L'adieu aux armes.
Guillaume Apollinaire, Calligrammes, Poèmes à Lou.
Joseph Delteil, Les poilus.
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samedi 14 avril 2012
La danse des possédés (25)
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"IDÉE DE L'AMOUR.
"IDÉE DE L'AMOUR.
Vivre dans l'intimité d'un être étranger, non pour le rendre plus proche ou le connaître, mais pour qu'il demeure étranger, lointain et même inapparent, au point que son nom le contient tout entier. Puis jour après jour, jusque dans le malaise, n'être rien d'autre que le lieu toujours ouvert, la lumière impérissable au sein de laquelle cet être unique, cette chose demeure à jamais exposée, emmurée."
Giorgio Agamben, Idée de la prose, Christian Bourgois, Titres, p. 43.
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Giorgio Agamben, Idée de la prose, Christian Bourgois, Titres, p. 43.
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vendredi 13 avril 2012
Le monde perdu
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Ce dimanche 15 avril au Cercle du Laveu (Rue des Wallons, 145, Liège, ouverture des portes à 20.00), un regard documentaire sur l'Italie du Sud dans les années 1950 par Vittorio De Seta.
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"Si 20e siècle rime avec destruction, effondrement et oubli, nous ne voulons pas nous complaire dans le défaitisme ou la nostalgie. Des lumières, fugaces il est vrai, continuent à nous guider, nous qui voulons renverser les barrières du clinquant et de l'efficace. Ces feux de joie, d'amour et d'intelligence auront brûlé comme rarement ailleurs dans ce qui a été nommé le cinéma documentaire. Capter la parole, saisir l’éphémère, faire de la caméra le médium d'une relation vibrante et essentielle entre le spectateur et le sujet filmé. Mais aussi enregistrer ce qui bientôt ne sera plus. A tout jamais. Ainsi de Vittorio De Seta dans les années 1950. Durant cette période, le réalisateur filme plusieurs courts métrages dans le Sud de l'Italie, en Sicile et en Calabre. Là, un mode de vie ancestral va s'éteindre sous peu : la pêche à l'espadon dans le détroit de Messine, la moisson en Sicile intérieure, la fête païenne du « Sapin » dans les montagnes calabraises... Conscient de ce qui est sur le point de disparaître, De Seta capte avec force et lyrisme ces paysans et ces pêcheurs, ces chants de travail et ce perpétuel combat amical avec les éléments naturels. Bref, un cinéma essentiel au service de la Mémoire (sans être passéiste) et de la Beauté (sans être formaliste). Vittorio De Seta est décédé le 28 novembre 2011. Réactivons ce « Monde Perdu » pour un soir !
Musiques captées par Alan Lomax sur les mêmes lieux à la même époque en apéro et en dessert."
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Ce dimanche 15 avril au Cercle du Laveu (Rue des Wallons, 145, Liège, ouverture des portes à 20.00), un regard documentaire sur l'Italie du Sud dans les années 1950 par Vittorio De Seta.
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"Si 20e siècle rime avec destruction, effondrement et oubli, nous ne voulons pas nous complaire dans le défaitisme ou la nostalgie. Des lumières, fugaces il est vrai, continuent à nous guider, nous qui voulons renverser les barrières du clinquant et de l'efficace. Ces feux de joie, d'amour et d'intelligence auront brûlé comme rarement ailleurs dans ce qui a été nommé le cinéma documentaire. Capter la parole, saisir l’éphémère, faire de la caméra le médium d'une relation vibrante et essentielle entre le spectateur et le sujet filmé. Mais aussi enregistrer ce qui bientôt ne sera plus. A tout jamais. Ainsi de Vittorio De Seta dans les années 1950. Durant cette période, le réalisateur filme plusieurs courts métrages dans le Sud de l'Italie, en Sicile et en Calabre. Là, un mode de vie ancestral va s'éteindre sous peu : la pêche à l'espadon dans le détroit de Messine, la moisson en Sicile intérieure, la fête païenne du « Sapin » dans les montagnes calabraises... Conscient de ce qui est sur le point de disparaître, De Seta capte avec force et lyrisme ces paysans et ces pêcheurs, ces chants de travail et ce perpétuel combat amical avec les éléments naturels. Bref, un cinéma essentiel au service de la Mémoire (sans être passéiste) et de la Beauté (sans être formaliste). Vittorio De Seta est décédé le 28 novembre 2011. Réactivons ce « Monde Perdu » pour un soir !
Musiques captées par Alan Lomax sur les mêmes lieux à la même époque en apéro et en dessert."
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jeudi 12 avril 2012
Fouilles et souvenir
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Il est écrit que Walter Benjamin (photographié en 1928 ci-dessus) est destiné à devenir un compagnon de route plus fréquent. Ainsi du magnifique recueil Images de pensée (réédité récemment dans la collection Titres chez Christian Bourgois) rassemblant des descriptions de villes (Weimar, Moscou, Marseille...), des rêves ou de courts essais comme Le caractère destructif ou encore Le lièvre de Pâques découvert. On copie ci-dessous le très beau texte Fouilles et souvenir pour les camarades archéologues et pour les autres. A noter que ce petit essai est cité par Didi-Huberman dans le récent Ecorces et qu'Images de pensée a initialement été édité par Jean-Christophe Bailly, ce qui semblerait indiquer une certaine cohérence à nos lectures du moment...
"La langue a signifié sans malentendu possible que la mémoire n'est pas un instrument pour l'exploration du passé. C'est le médium du vécu comme le royaume de la terre est le médium où sont ensevelies les anciennes villes. Qui tente de s'approcher de son propre passé enseveli doit faire comme un homme qui fouille. Il ne doit surtout pas craindre de revenir sans cesse à un seul et même état de choses - à le disperser comme on disperse de la terre, à le retourner comme on retourne le royaume de la terre car les "états de choses" ne sont rien de plus que des couches qui ne livrent qu'après une exploration méticuleuse ce qui justifie ces fouilles. C'est-à-dire les images, qui, arrachées à tout contexte antérieur, sont pour notre regard ultérieur des joyaux en habits sobres - comme des torsi dans la galerie du collectionneur. Et il est à coup sûr utile, lors de fouilles, de procéder selon des plans. Mais tout aussi indispensable est le coup de bêche précautionneux et tâtonnant dans l'obscur royaume de la terre. Et il se frustre du meilleur, celui qui fait seulement l'inventaire des objets mis au jour et n'est pas capable de montrer dans le sol actuel l'endroit où l'ancien était conservé. Ainsi les véritables souvenirs doivent-ils moins procéder du rapport que désigner exactement l'endroit où le chercheur a mis la main sur eux. Au sens le plus strict, le véritable souvenir doit donc, sur un mode épique et rhapsodique, donner en même temps une image de celui qui se souvient, de même qu'un bon rapport archéologique ne doit pas seulement indiquer les couches d'où proviennent les découvertes mais aussi et surtout celles qu'il a fallu traverser auparavant."
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