mercredi 29 septembre 2010

The Story of Hip Hop


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Je cherchais des morceaux à passer ce samedi (avant ou après Greg Malcolm au Cercle du Laveu, venez !) et je suis tombé sur ce morceau parfait d'un groupe que j'avais un peu perdu de vue, car devenu peut-être un peu trop policé : The Books. Avec cet extrait de leur dernier album The Way Out (2010), je retrouve ce qui m'avait plu dans The Lemon of Pink (2004, écouter par exemple le galvanisant Tokyo) : des sonorités acoustiques subtilement mêlées à des traitements électroniques, des effets de montage surprenants, des rythmes fragmentés mais pas trop et l'intégration de voix ou de cris souvent hilarants. Avec cette histoire de Hip Hop, qui n'a a priori pas grand chose de hip hop, on suit les tribulations peu importantes d'un personnage aimant les fleurs et vivant avec ses frère et soeur Slide Hop et Skip Hop. Et la musique fait le reste. Listen carefully and try to understand what they say.

lundi 27 septembre 2010

Exposition minimale

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Il y a peu, je suis tombé sur un blog fantastique intitulé Minimal Exposition. Depuis mars 2009, des billets y exposent quotidiennement un large pan de la création contemporaine en photographie. Abstraction, paysages, architecture, art conceptuel, artistes précurseurs : rien n'est omis par le mystérieux tenancier du site, justement appelé the viewer. L'intitulé et les mots clés des billets (réalisme urbain, méditation...) sont rédigés de manière judicieuse. Naviguer sur le blog s'apparente ainsi à une succession de découvertes fascinantes. Ci-dessus, par exemple, de haut en bas : Fabiano Busdraghi, Thomas Brown et Michael Roulier.
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dimanche 19 septembre 2010

Une vie nouvelle

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"Toute pièce d'eau trahit l'esprit qui imprègne l'air. Elle reçoit sans cesse d'en haut une vie nouvelle et un mouvement inédit. Par nature, elle est l'intermédiaire entre la terre et le ciel. Sur la terre seulement, l'herbe et les arbres oscillent, mais l'eau elle-même est ridée par le vent. Les paillettes ou les coulées de lumière me révèlent les endroits où la brise traverse vivement le lac. Il est tout à fait étonnant que nous puissions baisser les yeux sur sa surface. Un jour, enfin, nous baisserons peut-être ainsi les yeux vers la surface de l'air afin de déceler l'endroit où un esprit encore plus subtil la balaie."
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Henry D. Thoreau Walden (traduction de B. Matthieussent).
Nouvelle traduction du livre aux éditions Le mot et le reste.
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mardi 14 septembre 2010

The Great Park & Preslav Literary School

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Avant de venir assister au concert d'Eric La Casa et Cédric Peyronnet ce samedi 18 septembre à la chapelle Saint-Roch en Volière, je vous donne rendez-vous ce jeudi 16 au Ciné-Club du Laveu (Rue des Wallons, 45 - PAF : 5 euros) pour une très sympathique soirée de concerts :
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Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
Le Cercle des cinés s'apprête a ouvrir la saison 2010-2011, avec force projections, concerts et délices de toutes sortes...
En guise de mise en bouche, nous vous proposons de rallier le Cercle ce jeudi 16 septembre, d'y choisir un bon fauteuil, de fermer vos yeux et d'ouvrir grand vos oreilles pour deux formidables musiciens d'Outre-Manche.

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THE GREAT PARK
Obsessions et amertumes sur six cordes
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"Intimate morose folk songs, rooted in a strange personal world of fields and birds and love and persecution."
(Southcoasting blog')
"...this is a journey, a misadventurer's odyssey; it's vivid, it's elemental and the wounds are exposed. The road is pitted and merciless, stark and unyielding." (Nigel Johnson)
www.thegreatpark.co.uk
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PRESLAV LITERARY SCHOOL

Cassettes magnétiques - Paysages recyclés (ou l'inverse)
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"Preslav Literary School makes live tape collages using sounds drawn from an ever-growing archive of self-generated or discovered outsider noise, found sound and spoken word cassettes. A process of transference, overdubbing and live manipulation reworks these source materials into compelling, ambient broadcasts, full of drama, drone and musique concrete" (Adam Thomas)
www.preslavliteraryschool.co.uk

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Terre de Dieu

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Pour continuer la thématique marine entamée ce début de semaine, j'ai enfin vu hier soir Stromboli, terra di Dio (1950) de Roberto Rosselini. Grand film dans lequel, cela a été souligné plusieurs fois, fiction et aspirations documentaires s'entremêlent parfaitement, dans lequel le mélodrame se transforme en parabole biblique et les forces naturelles se déchaînent comme dans peu d'autres films (l'omniprésence du volcan et cette éruption finale terrifiante, mise à profit par le réalisateur). Et il y a cette extraordinaire scène de pêche au thon (voir ci-dessus) avec chant de pêcheurs, grouillement animal et prière finale. Ou encore la bénédiction du prêtre et le chant des femmes du village sur des barques au large des côtes abimées par l'éruption. Grand film donc.

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lundi 13 septembre 2010

Seascapes

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Hiroshi Sugimoto a photographié les mers du monde entier durant de nombreuses années. Il donne de ces étendues d'eau toujours le même cadrage, avec un résultat pourtant toujours différent. Travail sur la lumière, la méditation et la perte de repères spatiaux, le photographe parvient à créer une vision hantée de cette immensité qu'est l'océan. J'ai à la fois très envie et très peur de m'y perdre.
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jeudi 9 septembre 2010

Epiphonie #7 : Eric La Casa & Cédric Peyronnet

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Ce samedi 18 septembre, dès 20 heures, l’ASBL Epiphonie entame sa nouvelle saison avec un septième concert, exceptionnellement gratuit (!), organisé en collaboration avec la Médiathèque de la Communauté française. Les deux artistes sonores français Eric La Casa et Cédric Peyronnet achèveront leur résidence à Liège par une performance unique à la Chapelle Saint-Roch en Volière. Durant quatre jours, les deux musiciens sillonneront le port autonome de Liège afin d’y enregistrer les expressions sonores les plus singulières de ce lieu industriel fascinant. Ces sons, témoins de l’activité humaine et des mouvements de l’eau et du vent, seront ensuite travaillés et mixés lors du concert. Le « portrait sonore » du port qui en résultera sera donc élaboré directement devant les spectateurs. Les artistes ont déjà prouvé plusieurs fois leur habilité à rendre compte de l’environnement acoustique de lieux et à en donner une image forte et étonnante, notamment sur leur magnifique disque La Creuse (Herbal, 2007).

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La soirée sera également l’occasion pour nos amis de la Médiathèque de présenter Archipel, une nouvelle collection de musiques qui fera bientôt parler d’elle. L’inauguration de cette collection correspondra à divers évènements durant l’automne, notamment au Centre Pompidou à Paris.

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En bref, rendez-vous à la Chapelle Saint-Roch en Volière ce samedi 18 septembre dès 20 heures. Entrée libre ! Venez nombreux !

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Autre lieu, autre activité… Le vendredi 17 dès 18h30 à la Médiathèque de la Place Cathédrale, les deux artistes rencontreront le public et pourront s’expliquer sur leur pratique ainsi que sur les concepts d’écologie sonore, de field recording… lors d’une soirée thématique autour du « Fleuve ».

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Depuis une quinzaine d’années, Eric La Casa est fasciné par les réalités sonores qui nous entourent tous. Il redécouvre ainsi un matériau merveilleux que d’aucuns considèrent comme banal et sans intérêt. Comme il l’écrit : « A l’épreuve de mes microphones, le terrain d’étude - notre quotidien - se transforme en territoire de jeux. » Ces enregistrements, d’une richesse inouïe, sont utilisés aussi bien comme bandes originales de films, que dans des installations sonores, des pièces radiophoniques ou lors de concerts et de collaborations avec d’autres musiciens.

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Capteur et monteur sonore, Cédric Peyronnet s’interroge sur la manière de construire l’image d’un paysage par ses traces acoustiques. Sous le nom de Toy Bizarre, il a notamment composé l’album Saisons avec Pierre Redon (Auf Abwegen, 2008) qui présente quatre plages délicates correspondant chacune à une saison et comprenant des enregistrements de terrain subtilement mêlés à des boucles de guitare lumineuse.

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De nombreux extraits du travail d’Eric La Casa, une chronique détaillée de l’album La Creuse, un travail sur les vents du Col de Puymorens par Peyronnet et une belle interview de ce dernier.

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mercredi 8 septembre 2010

L'arche noire

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Le saxophoniste Noah Howard, l'auteur d'un de mes albums de free jazz préférés, est décédé ce 3 septembre 2010. The Black Ark (1969) avait été réédité chez Bo Weavil il y a quelques temps. On y entend une musique très prenante, où les saxophones, tantôt furieux, tantôt sinueux, s'accordent parfaitement à une section rythmique mouvante et toujours chaleureuse. Je me souviens du 30 novembre 2007 à Gand où le musicien avait toujours fière allure sur scène, avant d'en descendre pour empoigner ses béquilles et s'en aller, peut-être dans son arche, ailleurs.
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lundi 6 septembre 2010

Elle dit le monde

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"Elle est debout sous la fenêtre grillagée, elle ne regarde pas le ciel, elle est adossée au mur de ciment, elle pleure. C'est une femme magnifique. Elle pleure, il n'existe pas entre nous la moindre différence, rien jamais ne réussira à nous séparer, ni temps ni espace, je pleure avec elle. Il y a douze ans, elle a tué des hommes qui méritaient d'être réduits à rien, des hommes qui avaient été tout, ou, du moins, beaucoup de choses, elle a tué des ennemis du peuple que beaucoup de gens auraient voulu tuer s'ils en avaient le courage, mais très peu de gens ont le courage de faire justice, presque personne ne s'engage dans la vengeance et les représailles au nom du peuple. Elle, elle l'a fait. Elle a assassiné, comme j'aurais aimé le faire, des assassins qui avaient tué indirectement des centaines de milliers et même des millions de personnes. On l'a arrêtée et condamnée à la perpétuité, on l'a enfermée dans un centre isolé, et, dans les milieux qui décident du destin des vaincus, on a dit qu'elle était morte, on a espéré qu'elle mourrait, mais elle a tenu bon, peut-être parce qu'elle bénéficiait de caractères génétiques particulièrement résistants, difficiles à détruire, ou parce qu'elle avait en tête le programme maximum de notre organisation, ou peut-être aussi parce qu'on a oublié de lui envoyer des tueurs pour régler le problème une fois pour toutes, et que les gardiens avaient peur d'elle.
C'est une femme magnifique.
Elle est enfermée dans une cellule aux dimensions mesquines, sans compagne depuis déjà huit ans. Elle n'en peut plus. Elle s'est plusieurs fois auto-mutilée au cours des années passées, en particulier pendant l'hiver où la prison est froide et humide et où l'idée de vivre et de tenir bon se dissout. Mentalement, elle a beaucoup perdu de son assurance. Elle va mal. Elle aime s'adosser au mur en imaginant qu'lle traverse le mur, qu'elle est dépeignée par le vent, qu'elle est sous le ciel mouvant de la steppe, au milieu des herbes mouvantes, et qu'elle parle plus fort que les souffles, qu'elle dit le monde. Quand l'administration pénitentiaire l'autorise à avoir du papier et un stylo-bille, elle dit le monde sous forme écrite, en utilisant des abréviations et un langage crypté dont elle seule possède les clés, et, quand elle a façonné une histoire, elle la chuchote de nombreuses fois en s'accroupissant ou en s'allongeant devant la porte, elle s'adresse au couloir, au courant d'air qui siffle dans l'étage vide. Elle occupe la cellule 1614 et, depuis la mort de Maria Iguacel dans la cellule contiguë, elle n'a plus personne à qui parler.
Toutefois, plusieurs fois par semaine, elle dit le monde."
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Extrait de Discours aux nomades et aux morts dans le dernier roman d'Antoine Volodine Ecrivains, Seuil, 2010, pp. 27-28.
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vendredi 3 septembre 2010

Celui qui se souvient de ses vies antérieures

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Je ne reviendrai que brièvement sur Oncle Boonmee (celui qui se souvient de ses vies antérieures), le dernier film d'Apichatpong Weerasethakul. Jungle, fantômes, palme d'or etc. Un aspect qui m'aura enthousiasmé et dont on parle peu, c'est sa bande son. La plupart du temps, ce sont les bruits de la jungle, très précisément restitués, qui captent l'attention et accompagnent les déambulations des fantômes et autres errants. Mais là n'est pas le plus intéressant. Parfois, un léger soufflement accompagne les cris d'oiseaux et d'insectes, va en s'amplifiant pour se transformer en grondement sourd. Plus que tout autre procédé visuel, celui-ci fait monter la tension. Cet alliage de drone et de sons naturels n'est pas sans rappeler l'œuvre de quelques musiciens qu'on aime beaucoup ici, Francisco Lopez en tête. Ces moments donnent envie d'augmenter le son, encore et encore.
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