vendredi 27 mai 2011

Dirty ?


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On découvre des films de la London Film-Makers Co-operative rassemblés sur un DVD intitulé Shoot Shoot Shoot British Avant-Garde Film of the 1960s & 1970s (Re:voir). Abandon de la narration classique, privilège de la sensation, usage de procédés techniques non-conventionnels (refilmage, travail sur la pellicule...). Telles sont parmi d'autres les caractéristiques d'un cinéma inventif tantôt abstrait et rythmique, tantôt sensuel et lié à l'intime (voir ci-dessus Dirty de Stephen Dwoskin en 1965-67 avec une bande son de Gavin Bryars). Pour plus d'infos, voir la présentation de l'anthologie sur Archipel.
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jeudi 26 mai 2011

Remorques

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Remorques de Jean Grémillon avec Jean Gabin, Michèle Morgan et Madeleine Renaud (1941). Un des plus beaux films (français) vus depuis longtemps. Des envies d'embruns, de tribord et de bâbord, de noces, de tragédies, de Jean Eustache et de trahisons sur la plage. Et si quelqu'un peut me fournir le texte de la prière aux agonisants déclamée à la fin du film...
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mercredi 25 mai 2011

Et ils ne mourront plus

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Cette nuit, le tonnerre et les éclairs, la sensation de saisir quelque chose d'important et puis non...
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"(Le) tonnerre, intellect parfait
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(C'est) de la puissance que, moi, j'ai été envoyée
et c'est vers ceux qui pensent à moi que je suis venue
et j'ai été trouvée chez ceux qui me cherchent.
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Regardez-moi, (vous) qui pensez à moi,
et (vous) auditeurs, écoutez-moi.
(Vous) qui êtes attentifs à moi, recevez-moi auprès de vous
et ne me chassez pas de devant vos yeux
et ne laissez pas votre voix me haïr, ni votre ouïe.
Ne m'ignorez en aucun lieu non plus qu'en aucun temps.
Gardez-vous de m'ignorer !
Car c'est moi la première
et la dernière.
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C'est moi qui celle qui est honorée
et celle qui est méprisée.
C'est moi la prostituée
et la vénérable.
C'est moi la femme
et la vierge.
C'est moi la mère
et la fille.
Je suis les membres de ma mère.
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C'est moi la stérile
et ses enfants sont nombreux.
C'est moi celle dont les mariages sont multiples
et je n'ai pas pris mari.
C'est moi la sage-femme
et celle qui n'enfante pas.
C'est moi la consolation de mes douleurs.
C'est moi la fiancée et le fiancé,
et c'est mon mari qui m'a engendrée.
C'est moi la mère de mon père et la sœur de mon mari,
et c'est lui mon rejeton.
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(...)
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C'est (moi) la domination
et la sans-retenue.
C'est moi l'union
et la rupture.
c'est moi la permanence
et c'est moi la dispersion.
C'est moi la descente
et c'est vers moi que l'on montera.
C'est moi la sentence
et l'acquittement.
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Moi, je suis sans péché,
et la racine du péché, elle est issue de moi.
C'est moi la concupiscence par la vision
et la maîtrise du cœur,
c'est en moi qu'elle se trouve.
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(...)
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(Ecoutez-moi), auditeurs (...)
(recevez-moi) auprès de vous.
Il est vi(vant...)
(...) de la grande puissance
et celui (qui se tient debout)
n'ébranlera pas le nom.
(C'est celui qui se tient) debout qui m'a créée.
Quant à moi, je dirai son nom.
Voyez donc ses paroles
ainsi que toutes les écritures qui sont accomplies.
Soyez donc attentifs, auditeurs,
et vous aussi, les anges,
ainsi que ceux qui ont été envoyés,
et les esprits qui se sont levés d'entre les morts,
parce que c'est moi qui seule existe
et je n'ai personne qui me jugera.
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Car ceux qui se trouvent dans de multiples péchés
sont de nombreuses formes douces ;
et ce sont des dérèglements ainsi que des passions viles
et des plaisirs éphémères qui les retiennent
jusqu'à ce qu'ils redeviennent sobres
et qu'ils se hâtent vers leur lieu de repos.
Et ils me trouveront en ce lieu-là,
ils vivront
et ils ne mourront plus."
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Le Tonnerre, Intellect parfait (fin du 2e - début du 3e siècle), extraits d'un texte issu de la Bibliothèque de Nag Hammadi dans les Ecrits gnostiques, Bibliothèque de la Pléiade, 2007, pp. 851-867.
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mardi 24 mai 2011

A l'Est, peut-être du neuf ?


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Ce matin, on prend la tangente épique, on écoute Hayedeh et puis on part à l'Est.
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lundi 23 mai 2011

Un rossignol en 1938


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Les combles d'une annexe à la cure de l'église du Roeulx. Quelques bougies éclairent une table basse où sont déposées des cassettes audio portant des titres tels que "Rameau's Nephew by Diderot", "Percussive Noise" ou encore "Strange Birds" (on rêve d'entendre cette dernière). Le corps d'Aki Onda ondule lentement tandis qu'il entraîne avec lui l'auditeur dans un monde sonore mystérieux qu'il crée en manipulant les field recordings recueillis sur ses cassettes. Rêverie. Cette magnifique échappée musicale, organisée dans le cadre du cycle Res(o)nance, m'aura rappelé un disque curieux et essentiel : une compilation d'enregistrements de Ludwig Koch (1881-1974), un Allemand pionnier du field recording (Archival Sound Series, Concrete).
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Alors qu'il n'a que huit ans, en 1889, le jeune Ludwig reçoit de son père un phonographe d'Edison avec lequel il s'amuse à enregistrer les cris et chants des animaux de sa ménagerie. Le premier enregistrement connu et conservé d'un oiseau a donc été réalisé par jeu par un enfant... Ludwig Koch est issu d'une famille de musiciens qui fréquente alors le gratin du post-romantisme : Franz Liszt, Johannes Brahms... C'est ainsi que l'on a conservé un document exceptionnel : une captation de quelques notes des Danses hongroises de Brahms, jouées en 1889 par le compositeur lui-même ! Pour l'anecdote, Koch, qui ne devait pas être bien grand, avait placé l'enregistreur sous le piano ce qui explique, en plus de son ancienneté, la qualité limitée de l'enregistrement. L'aspect "sale" de ce dernier lui confère une dimension presque surréelle et accentue sa qualité de témoin d'une époque révolue.

Plus tard, Ludwig Koch se spécialise dans la captation de cris et chants d'oiseaux, mais aussi dans la réalisation de portraits sonores de lieux. La vie quotidienne de Paris en 1952 est ainsi présentée sur deux pistes presque cinématographiques. En ce qui concerne les oiseaux, on peut entendre sur le disque des spécimens des serres royales de Laeken (1938-1952), un rossignol (1938) et plusieurs oiseaux marins (puffins, pétrels...) à diverses dates. Alors qu'il fuit l'expansion du parti Nazi en Allemagne et qu'il s'établit en Grande-Bretagne, Koch travaille à l'édition du célèbre livre sonore Songs of Wild Books en 1936. Durant la guerre, il est engagé par la BBC pour laquelle il expérimente diverses techniques d'enregistrement et contribue au développement de la bioacoustique. A 80 ans, il achève son travail pour la BBC en captant les sons d'un nid d'hirondelles dans le Somerset. On peut écouter de nombreux enregistrements de Ludwig Koch sur Archival Sound Recordings de la British Library.
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Je termine cette note en mentionnant que ses captations dans les serres de Laeken ont été commandées par le roi Léopold III et sa mère Elisabeth afin de réaliser le livre Les oiseaux chanteurs de Laeken, publié seulement en 1952 et distribué gratuitement dans plus de 20000 écoles ! Bon, on va essayer de trouver cet ouvrage accompagné de ses 4 disques 78 tours...
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dimanche 22 mai 2011

Obsession

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Beaucoup de documents, textes et œuvres intéressants composent le catalogue de l'exposition Crime et châtiment (2010, Musée d'Orsay). Parmi nombre de réalisations liées aux thèmes du crime, de la justice et de la perversion, on trouve plusieurs pièces étonnantes. Ainsi ces quelques collages de photographies coloriées regroupées sous le nom d'Obsession.
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Je passe sur l'historique de l'album dont ils sont issus. On ne sait rien ni des modèles ni du concepteur des collages. Quelques éléments invitent à suggérer que les photographies ont été prises dans la région de Lyon durant les années 1870. La décoration intérieure et la mode vestimentaire laissent penser que cette fantaisie macabre a été mise en scène dans un milieu bourgeois. C'est tout ce qu'on peut dire de contextuel sur ces actes d'exécution, décapitation et bûcher.
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Plusieurs détails interpellent dans ces images sans équivalent dans la photographie du 19e siècle. Comme le remarque D. de Font-Réaulx dans sa notice (pp. 154-155), la maladresse du découpage et du collage, la laideur de la mise en couleur paraissent presque volontaires. Surtout, aucun sentiment n'émane des personnages, à tel point qu'ils en deviennent fascinants. Pour ma part, je ne peux m'empêcher d'imaginer les séances de pose, le développement, la découpe et surtout l'examen de l'album par les intéressés. Qui étaient ces gens probablement très honorables ?
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mercredi 11 mai 2011

Un peu fâché ?


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D'après Wiki, le groupe japonais Hanatarash (qui comprenait notamment Yamataka Eye, le futur leader des Boredoms) : "était connu pour ses concerts durant lesquels le public se trouvait fréquemment dans des situations périlleuses. Au cours de l'un de leurs plus sinistrement fameux spectacles, Eye coupa un chat mort en deux à l'aide d'une machette et faillit se couper une jambe avec une scie circulaire qui se trouvait derrière lui ; une partie de la salle fut détruite par l'utilisation malencontreuse d'un bulldozer sur scène. Lors d'un concert à Tokyo en 1985, on demanda au public de signer une décharge à cause des possibilités de blessures occasionnées par le spectacle. Celui-ci fut arrêté car Eye s'apprêtait à lancer un petit cocktail molotov sur la scène. Le coût des réparations de la "performance" s'éleva à 600 000 yens."
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Un petit groupe rock subventionné en dessert ?
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mardi 10 mai 2011

La Pieuvre

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Dans son étude des réseaux qui forment la logique de l'imaginaire, Roger Caillois a écrit plusieurs ouvrages importants. Son examen de la figure de la pieuvre à travers l'histoire et les civilisations est un exemple particulièrement probant de sa démarche. (La Pieuvre. Essai sur la logique de l'imaginaire, 1973). La vision de cet animal, que l'on appelle encore poulpe jusqu'à ce que Victor Hugo le rebaptise pieuvre dans son roman Les travailleurs de la mer, a connu bien des changements, liés à la manière complexe dont l'imaginaire fonctionne. Tour à tour violente et sanguinaire, innocente et comestible, secrète et lascive, la bête a nourri nombre de fantasmes recensés et analysés par l'auteur.
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Ci-dessus, quelques exemples avec une poterie crétoise de Palaikastro, un dessin réalisé par Denys de Montfort au début du 19e siècle d'après un ex-voto réalisé par des marins pour une chapelle à Saint-Malo, le dessin montré en 1861 à l'Académie des sciences par le lieutenant de vaisseau Frédéric-Marie Bouyer et une estampe shunga d'Hokusai.
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Et ci-dessous, un extrait de l'Histoire naturelle, générale et particulière des mollusques, animaux sans vertèbres et à sang blanc de Pierre Denys de Montfort, publiée en 1801, qui contribua grandement à la formation de l'image monstrueuse de l'animal :
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« (…) On a vu, à Saint-Malo, dans la chapelle Saint-Thomas, saint que les marins de ce pays invoquoient dans leurs dangers extrêmes, un ex voto ou tableau, qui représentait le danger imminent qui avoit failli faire périr un navire de ce port, mouillé à la côte d'Angole, où il faisoit la traite, c'est-à-dire, le commerce des noirs, celui de l'ivoire et de la poudre d'or. Ce vaisseau ayant terminé sa traite, et l'équipage étant entièrement rembarqué, fort heureusement comme on le verra bientôt, le capitaine songeoit à lever l'ancre et à appareiller ou partir de cette côte pour se rendre aux îles de l'Amérique, lorsque tout à coup, le tems «tant calme et en plein jour, un monstre marin, d'une épouvantable grosseur, s'éleva du sein des flots en les faisant bouillonner au loin, et passer par dessus le pont du navire, s'accrocha au bâtiment, contourna les manœuvres et les mâts jusques à leurs sommets, par des bras aussi longs que flexibles et effroyables : pesant sur lui-même, et s'abandonuant à tout le poids de son énorme niasse, ce monstre fit pencher le bâtiment de manière à le coucher sur le côté, et à l'entraîner au fond de l'abyme. Dans ce péril extrême, chacun ne prenant conseil que de lui-même, tout l'équipage courut aux armes ; effrayés au souverain degré par une invasion aussi brusque et aussi étrange, chaque matelot, chaque homme qiù étoit à bord sautèrent spontanément sur tous les moyens de défense qui leur tombèrent sous la main, et tous attaquèrent de concert, chacun devant eux, cet épouvantable ennemi à coups de haches et de coutelas : la grandeur du péril donnant même du courage aux plus lâches, aucun d'eux ne chercha à se réfugier à fond de cale, mais tous combattirent vigoureusement pour le salut commun. Cependant, désespérant presque dans leurs efforts; leur vaisseau prenant la bande, c'est-à-dire, se couchant de plus eu plus, ne comptant même plus sur leur salut; tous, en braves marins de Saint-Malo, mirent leur recours dans le saint, patron de leur port; et ils firent un vœu à Saint-Thomas, lui jurant un pèlerinage, si, sortis par son intercession de ce combat, ils revenoient sur l'eau, et regagnoient encore pour cette fois leurs lares et leurs foyers. La confiance qu'ils eurent dans le secours céleste, a pu, en exaltant leurs moyens, leur être de quelque secours et coopérer à leur victoire: mais on peut croire que leurs tranchans coutelas leur furent encore plus utiles, puisque sans leur puissant intermède nous n'eussions pas eu la manifestation de ce miracle. A grands coups de hache et avec le fil de leurs sabres, ces marins tranchèrent enfin les bras de cet horrible animal, qui n'étoit autre chose qu'un énorme poulpe; quand ils furent parvenus à les séparer de son corps, le tronc coula à fond; le vaisseau, n'étant plus tiré sur le côté ni menacé d'être englouti, se redressa, et reprenant son à-plomb, le haut de ses mâts se reporta encore vers le ciel, dans l'instant inespéré où, suivant toutes les apparences, il devoit être entraîné au fond des mers par ce terrible mollusque, dont le seul poids suffisoit pour faire couler bas le navire. Observateur religieux d'un . vœu arraché dans un péril extrême; profondément frappé du danger éminent qu'il avoit essuyé dans cette occasion, tout l'équipage de ce vaisseau de retour à Saint-Malo, s'empressa de remplir ce vœu dans toute sa plénitude. (…) »
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lundi 9 mai 2011

Vers les cimes (8)

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"Mal aux yeux. Flaque violente du reflet de l'ampoule sur la toile cirée. Mais, dans l'assiette de bouillon, l'ampoule crue, grosse comme un œil d'hypnotiseur borgne, se reflète vraiment. Je ne vois plus qu'elle.
Lanterne de porte au fond des eaux, soleil au fond des puits.
A chaque cuillerée, je parviens à voler cette lumière dansante, à la porter à mes lèvres sans la quitter des yeux. Je la gobe.
Enfin je l'avale. En fixant cette fois la vraie ampoule au-dessus de la table.
Je la sens passer la glotte, chatouiller et chauffer la luette, puis descendre en brûlant la tuyauterie interne.
Je déglutis avec précaution. De peur que ce soleil pas plus gros qu'un œil-de-verre ne se brise et me blesse de ses éclats, ne m'empoisonne. Les avaleurs de sabres et néons dans les foires me comprendront.
(Demain matin vais-je chier de la lumière ?)
Quand enfin je sens reposer ce soleil au fond de mon estomac, je regarde dans l'assiette.
L'œil est toujours là. (Je vois aussi les deux miens qui brillent du reflet de ce reflet. Et tous ceux du bouillon de poule: on dirait qu'on mange une goutte d'eau croupie, vue au microscope). Il est toujours là, comme si chaque cuillerée avalée retournait dans l'assiette, par un mystérieux siphon communiquant avec mon ventre. Pendant un quart d'heure (déjà c'est tout froid), le niveau du bouillon n'a pas l'air de baisser.
L'assiette est finie. Le petit soleil me nargue encore, cette fois insaisissable, dans la mince pellicule d'humidité qui fait briller la faïence et sa gravure maintenant visible de montagne fantastique. J'aurai beau lécher l'assiette à grandes lampées, impossible, impossible de capturer le soleil. Impossible.
De rage, je lève le museau et crache à la gueule de l'ampoule.
Elle explose.
Je prends presque en même temps une beigne dans le noir.
Une myriade d'éclats d'étoile morte grêle musicalement dans toutes les assiettes, les verres, sur les bérets, dans les cheveux, les trous du pain, mitraille le fromage. La tête siffle de la même sirène que celle des répétitions d'alerte au barrage - 30 secondes pour évacuer avant la catastrophe.
Quand ils remettront la lumière, oh j'aurai disparu! Sorti par la cave, déjà je marche dans la nuit fantastique de la montagne."
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Dominique Poncet, Les pentes fabuleuses, Editons Comp'Act, pp. 35-36.
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C'est avec un peu de fièvre qu'il y a quelques semaines, j'ai achevé la lecture de ce récit lyrique, jubilatoire, parfois loufoque, mais toujours servi par une langue rythmée et lumineuse. Plus d'infos par exemple ici. L'auteur tient également un blog intitulé La main de singe, d'après le nom d'une revue dont la publication devrait reprendre d'ici peu, si on a tout compris.
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dimanche 8 mai 2011

Un peu plus tard après la nuit




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"Un peu plus tard après la nuit
Et je n'ai pas encore dormi
Un peu plus tard après la fin de l'aurore
mais est-ce que je t'aime encore

Et pourquoi je l'ignore, mes larmes s'évaporent
Et le silence, le silence est d'or
Quand la ville dort, je laisse aller le sort
Je n'ai aucun, je n'ai aucun, je n'ai aucun remord

Mais si le ciel ne me tombe pas sur la tête
Si la lune a comme un air de fête
Si la neige ne fond pas au printemps
Alors j'aurai peut-être le temps

J'ai oublié ce que j'ai fait la veille
Mais c'étaient sûrement des merveilles
Et quand la ville brille sur le feu du soleil
J'attends alors que tu t'éveilles

La nuit porte conseil, je ne suis pas de celle
Que tu ensors, que tu ensorcelles
Je me rebelle et si tu me décelles
Je me ferais, je me ferais, je me ferais la belle"
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A Liège, les forces de l'ordre font taxi. Bonne fête maman.
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jeudi 5 mai 2011

Avant la Chute

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Je suis plutôt intrigué par ces images du Jardin d'Éden juste avant la Chute. Prenons cette peinture achevée en 1626 par l'artiste flamand Roelandt Savery (Berlin, Gemäldegalerie). Au centre, à l'arrière-plan, Eve tient Adam d'une main et la funeste pomme que lui tend le Vil Serpent de l'autre. Si le couple primordial est censé s'être promené dans le plus simple appareil jusqu'à ce moment crucial, on remarquera que l'homme est bronzé et la femme, blanche comme de la porcelaine. Cela veut-il dire que l'essence de la Femme est liée à l'ombre, au repli sur soi, à l'effacement ? Ou est-ce simplement dû au fait que l'Homme a été créé en premier lieu et placé "dans le Jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder" ?
Deuxième point interpellant : le rejet loin à l'arrière des deux héros de la scène, à tel point qu'ils sont à peine identifiables. Avec son accumulation d'animaux et de plantes, l'image est conçue comme un inventaire de toutes les formes vivantes, créées par Dieu et nommées par l'Homme. Cette volonté de complétude presque absurde transforme dès lors, à la manière d'une corde de luth cassée ou d'un ver sur un fruit dans une nature morte, la représentation en une Vanité. Là, la fleur et le fruit ne vont pas faner et pourrir (du moins pas tout de suite), mais le couple va tomber dans le travail, la mortalité, l'effort et le malheur, dans la condition humaine.
Un aspect de l'image qui me tracasse, qui m'effraie presque, est son cadre. Qu'y a-t-il en dehors de celui-ci ? Si tous les êtres vivants du Jardin se sont assemblés autour d'Adam et Eve (à ce propos, il faut imaginer le bruit et l'odeur qui devaient régner là), que peut-on imaginer en dehors des limites de ce que le tableau nous donne à voir ? Je laisse planer le suspense. A chacun le loisir d'imaginer ce qui lui plaît, de devenir théologien ou plus simplement, de relire la Genèse.
La prochaine fois, j'aborderai la problématique complexe de la taille de l'arche de Noé. C'est important aussi.
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