vendredi 26 décembre 2014
Du papier pour 2014
Pas de discours. Pas de revendication. Juste de l'amour.
Mario Rigoni Stern, Les saisons de Giacomo, Robert Laffont.
Fabienne Raphoz, Des belles et des bêtes. Anthologie de fiancés animaux, José Corti.
Bergsveinn Birgisson, La lettre à Helga, Zulma.
Marie-Hélène Lafon, L'annonce, Buchet Chastel.
Fredrik Sjöberg, La troisième île, José Corti.
Pierre Silvain, Julien Letrouvé, colporteur, Verdier.
Claude Eveno, Regarder le paysage, Gallimard.
Pierre Zaoui, La discrétion ou l'art de disparaître, Autrement.
Donna Tartt, Le chardonneret, Plon.
E. Lucas Bridges, Aux confins de la terre : Une vie en Terre de feu, Nevicata.
Franz Michael Felder, Scènes de ma vie, Verdier.
Orlando Figes, Les chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline, Gallimard.
Timothée de Fombelle, Vango - Le livre de Perle, Gallimard.
Raymonde Carasco, Dans le bleu du ciel. Au pays des Tarahumaras 1976-2001, François Bourin.
François Place, Les derniers géants, Casterman.
Tim Ingold, Marcher avec les dragons, Zones sensibles.
Bhajju Shyam, La vie nocturne des arbres, Actes Sud. (voir image ci-dessus)
Juan José Saer, L'ancêtre, Le Tripode.
Cat. expo. Gustave Doré. L'imaginaire au pouvoir, Flammarion.
David G. Haskell, Un an dans la vie d'une forêt, Flammarion.
William March, Compagnie K, Gallmeister.
Andrus Kivirähk, L'homme qui savait la langue des serpents, Le Tripode.
Collectif Mauvaise Troupe, Constellations. Trajectoires révolutionnaires du jeune 21e siècle, L'éclat.
Mélanie Rutten, La source des jours, MeMo.
Ivan Repila, Le puits, Denoël.
William Ferris, Les voix du Mississippi, Papa Guédé.
Philippe Descola, La composition des mondes, Flammarion.
Jules Supervielle, L'enfant de la haute mer, Gallimard.
Jean Tardieu, La part de l'ombre, Gallimard.
Elzbieta, L'enfance de l'art, Rouergue.
Gilles Tiberghien, Nature, art, paysage, Actes Sud.
Claude Lecouteux, Dictionnaire des formules magiques, Imago.
Brecht Evens, Panthère, Actes Sud.
Jean-Christophe Bailly, Passer définir connecter infinir, Argol.
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lundi 15 décembre 2014
Vers les cimes (50)
Une nouvelle de quelques pages à peine, avec la mer, l'enfance qui devient fantôme et l'horizon qui se dérobe, et c'est un chef-d’œuvre. Voici le début et la fin de L'enfant de la haute mer de Jules Supervielle (Gallimard, 1931) :
"Comment s'était formée cette rue flottante ? Quels marins, avec l'aide
de quels architectes, l'avaient construite dans le haut Atlantique à la
surface de la mer, au-dessus d'un gouffre de six mille mètres ? Cette
longue rue aux maisons de briques rouges si décolorées qu'elles
prenaient une teinte gris-de-France, ces toits d'ardoise, de tuile, ces
humbles boutiques immuables ? Et ce clocher très ajouré ? Et ceci qui ne
contenait que de l'eau marine et voulait sans doute être un jardin clos
de murs, garnis de tessons de bouteilles, par-dessus lesquels sautait
parfois un poisson ? Comment cela tenait-il debout sans même être
ballotté par les vagues ? Et cette enfant de douze ans si seule qui
passait en sabots d'un pas sûr dans la rue liquide, comme si elle
marchait sur la terre ferme ? Comme se faisait-il... ? Nous dirons les
choses au fur et à mesure que nous les verrons et que nous saurons. Et
ce qui doit rester obscur le sera malgré nous."
"Marins qui rêvez en haute mer, les coudes appuyés sur la
lisse, craignez de penser longtemps dans le noir de la nuit à un visage
aimé. Vous risqueriez de donner naissance, dans des lieux
essentiellement désertiques, à un être doué de toute la sensibilité
humaine et qui ne peut pas vivre ni mourir, ni aimer, et souffre
pourtant comme s'il vivait, aimait et se trouvait toujours sur le point
de mourir, un être infiniment déshérité dans les solitudes aquatiques,
comme cette enfant de l'Océan, née un jour du cerveau de Charles
Liévens, de Steenvoorde, matelot de pont du quatre-mâts Le Hardi, qui avait
perdu sa fille âgée de douze ans, pendant un de ses voyages, et, une
nuit, par 55 degrés de latitude Nord et 35 de longitude Ouest, pensa
longuement à elle, avec une force terrible, pour le grand malheur de
cette enfant."
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vendredi 12 décembre 2014
La danse des possédés (108)
"Boyiawa" Centrafrique - Anthologie De La Musique Des Pygmées Aka. Ocora. Enregistrements : Simha Arom. 1972-1977.
"Les captations présentées dans cette anthologie ont été prises dans un seul village, celui du vieux chasseur Mbonzo, entre 1972 et 1977. Toutes les activités quotidiennes des Pygmées sont rythmées par le chant. Dès que les enfants apprennent à marcher et à parler, ils commencent à chanter avec leurs aînés. On chante afin de préparer une chasse et une cueillette fructueuses. On chante le mobandi avant d’aller à la recherche de miel dans les arbres de la forêt. On chante des berceuses et des comptines pour les enfants. On chante lors de rituels de divination et de la consécration d’un nouveau campement. On chante tous les jours."
"Dans la musique comme dans la vie du campement, il n’y a pas de règles hiérarchiques manifestes. Des schémas préétablis et transmis oralement conduisent l’interprétation et assurent la transmission des différentes formes. Moyen d’expression privilégié et très élaboré de ces Aka, les polyphonies vocales sont basées sur la répétition de segments repris indéfiniment avec de nombreuses variations et sur le procédé du yodel, une technique où voix de poitrine et voix de tête alternent. L’effet d’un chœur pygmée, c’est-à-dire du chant de tout un village, peut être renversant : les voix de jeunes, de vieux, d’hommes et de femmes aux timbres différents s’entrelacent et se fondent les unes dans les autres dans un flux aux magnifiques subtilités mélodiques et rythmiques. Comme exemple marquant de cette anthologie aux nombreux trésors, il nous faut citer un chant de déploration d’un défunt, le très émouvant Boyiwa. Lors de son décès, le mort est immédiatement préparé puis allongé sur une natte. Tous les villageois viennent alors s’asseoir autour de lui et entonnent une polyphonie d’une tristesse sereine à la beauté dévastatrice."
"Les captations présentées dans cette anthologie ont été prises dans un seul village, celui du vieux chasseur Mbonzo, entre 1972 et 1977. Toutes les activités quotidiennes des Pygmées sont rythmées par le chant. Dès que les enfants apprennent à marcher et à parler, ils commencent à chanter avec leurs aînés. On chante afin de préparer une chasse et une cueillette fructueuses. On chante le mobandi avant d’aller à la recherche de miel dans les arbres de la forêt. On chante des berceuses et des comptines pour les enfants. On chante lors de rituels de divination et de la consécration d’un nouveau campement. On chante tous les jours."
"Dans la musique comme dans la vie du campement, il n’y a pas de règles hiérarchiques manifestes. Des schémas préétablis et transmis oralement conduisent l’interprétation et assurent la transmission des différentes formes. Moyen d’expression privilégié et très élaboré de ces Aka, les polyphonies vocales sont basées sur la répétition de segments repris indéfiniment avec de nombreuses variations et sur le procédé du yodel, une technique où voix de poitrine et voix de tête alternent. L’effet d’un chœur pygmée, c’est-à-dire du chant de tout un village, peut être renversant : les voix de jeunes, de vieux, d’hommes et de femmes aux timbres différents s’entrelacent et se fondent les unes dans les autres dans un flux aux magnifiques subtilités mélodiques et rythmiques. Comme exemple marquant de cette anthologie aux nombreux trésors, il nous faut citer un chant de déploration d’un défunt, le très émouvant Boyiwa. Lors de son décès, le mort est immédiatement préparé puis allongé sur une natte. Tous les villageois viennent alors s’asseoir autour de lui et entonnent une polyphonie d’une tristesse sereine à la beauté dévastatrice."
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mardi 9 décembre 2014
Mnémotourisme (35)
Ces polaroids, réalisés par le cinéaste Andreï Tarkoski en Italie et en Russie entre 1979 et 1984, ont été compilés et publiés dans le livre Lumière instantanée (Philippe Rey, 2004). Pour en voir et savoir plus (et pour la source des images), cliquer ici.
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dimanche 7 décembre 2014
Le terril (25)
Sur la pente sud ouest, un bâtiment discret bien que de taille imposante abrite une collection hétéroclite d'objets. Accrochés à un réseau complexe de cordes, ils ont été apportés, accumulés au fil du temps par quelques fous, passants et mécènes de fortune. Depuis presque dix ans, je travaille à l'inventaire des lieux, écrivant des fiches, accueillant les visiteurs, honorant les cimaises. L'art qu'on y expose n'est ni pauvre, ni brut, ni pompier. Non, il s'agit de bien autre chose, qui ne se conçoit que sur place. Une de mes principales tâches est la suivante. Lorsqu'un curieux pénètre le bâtiment, le mouvement de la porte enclenche un mécanisme mettant en branle le système de cordes auxquelles pendent les œuvres. Et celles-ci de bouger sans aucune logique, lâchées dans une danse frénétique que certains interprètent comme une allégorie de l'Histoire, de l'Accélération et de la Perte. Mais ceux qui y réfléchissent trop manquent souvent de se faire assommer. A chaque représentation, un objet tombe et se brise au sol. Je dois alors ramasser ces résidus d'art, ces éclats de beau et les vider en sachets numérotés. Si ce travail a son utilité, j'ai trop traîné là-bas armé d'une pelle et d'un balai.
Je quitte le musée.
En avant.
lundi 1 décembre 2014
Un monde divisé
En kluven värld (Un monde divisé) d'Arne Sucksdorff (1948), c'est un peu La nuit du chasseur avec des animaux. C'est aussi un film qui, à quelques approximations près, pourrait illustrer le dualisme nature/culture qui marque l'esprit occidental depuis quelques siècles (avec ici, la nature sauvage, la prédation, la nuit, le froid VS les maisons chauffées au loin, fermées, presque étanches à l’environnement extérieur).
Et de se demander, pendu aux moustaches d'un renard ou aux serres d'un hibou, si le monde est réellement divisé ?
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