jeudi 19 mars 2009

Duns !

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Le saxophoniste britannique, mais aussi joueur de cornemuse, Paul Dunmall se produira ce dimanche 22 mars à l'Archiduc à 17.00 en compagnie de trois musiciens belges : Jean-Michel Van Schouwburg (voix), Marjolaine Charbin (piano) et Jean Demey (contrebasse). Depuis les années 1980, les collaborations au sein du monde de l'improvisation et du free jazz de ce musicien au souffle fougueux sont nombreuses. Parmi ses partenaires réguliers, on peut citer le contrebassiste Paul Rogers, le London Jazz Composers Orchestra de Barry Guy ou encore le pianiste Keith Tippett. Ces dernières années, on l'a notamment entendu aux côtés des contrebassistes légendaires Henry Grimes et Wiliam Parker.
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Afin de diffuser ses différentes collaborations, Paul Dunmall a créé le label Duns Limited Edition à la fin des années 1990. En une petite dizaine d'années, ce sont plus de soixante disques (dont pratiquement tous comportent la présence de Paul Dunmall) qui ont été édités par cette structure ! Beacoup de choses à découvrir donc... Une facette de l'artiste que j'ignorais est son actvité de graveur. Sur son site, on trouve une section rassemblant diverses eau-fortes et gravures sur bois dont je poste ici quelques exemples.
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mercredi 18 mars 2009

La tristesse durera toujours

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A nos amours (1983) de Maurice Pialat, avec Sandrine Bonnaire.
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dimanche 15 mars 2009

1947-2009

J’suis parti à 15 heures trente
J’étais fatigué j’avais mal
Tu es fatigué c’est tout
Dit-elle

Acheté une livre et demie de viande hachée
Haricots en boîte plus chips
Quel besoin avais-tu d’acheter tout ca
Dit-elle

Tu ferais mieux de nous pondre un truc qui marche mon garçon
Dit-elle
Tu ferais mieux de nous pondre un truc qui marche

Allez continue comme ça
Continue comme ça

Ohé ohé

Avale me disais-je
Allez avale

Allez au diable je m’appelle Samuel Hall
Je vous déteste tous
Allez au diable je m’appelle Samuel Hall
Je vous déteste tous

Mon estomac s’est contracté oh de la mortadelle ou Dieu sait quoi
Oh Seigneur j’ai dit Oh
Tu ferais mieux de revoir tes vieux amis
Dit-elle
Tu ferais mieux de revoir tes vieux amis

Glissé le carbone plus papier dans la machine et au travail
C’est ça oui c’est ça
Dit-elle

Avale me disais-je
Allez avale

Allez au diable je m’appelle Samuel Hall
Je vous déteste tous
Allez au diable je m’appelle Samuel Hall
Je vous déteste tous

Allez continue comme ça
Continue comme ça

Ohé ohé

Continue comme ça ...

vendredi 13 mars 2009

Monstres

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La photographe Diane Arbus est un des personnages principaux du récit Histoires avec monstres que l’on peut lire dans le dernier ouvrage de Rodrigo Fresan La vitesse des choses (Passage du Nord Ouest). Ce livre est une collection de récits qui s’interpénètrent pour former une réflexion ludique et mélancolique sur la création, la mort ou encore les frontières entre fiction et réalité. Comme dans les précédemment parus Mantra (Passage du Nord Ouest également) et Les jardins de Kensington (Seuil), Fresan aime convoquer ses figures tutélaires, souvent issues de la culture populaire (la pop sixties, la science-fiction…), pour illustrer son propos.
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Le choix de Diane Arbus n’est pas innocent. Cette photographe américaine (1923-1971) s’est notamment distinguée par son intérêt pour les personnes en marge, croisées en rue ou ailleurs. Ses photographies de freaks continuent à marquer les esprits par leur crudité et leur violence latente. L’apparente absence de jugement et la liberté de composition prise par la photographe par rapport à ses modèles troublent le spectateur et confèrent à ses créations une force implacable.
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Le thème du monstre correspond bien à la littérature de Rodrigo Fresan. Au premier degré, les personnages principaux sont toujours des marginaux, que ce soient des rockers qui ne veulent pas vieillir, des catcheurs mexicains ou des figurants de films de science-fiction (le narrateur de la nouvelle Histoires avec monstres est un acteur qui du mal de sortir de son rôle de figurant d’un des singes de la scène introductive de 2001 de Stanley Kubrick). Au niveau formel, on retrouve également cette correspondance, puisque l’auteur fait imploser ces propres récits pour en faire des textes mutants difficiles à catégoriser : confessions autobiographiques mensongères, affabulations inspirées du réel ou intrusions dans l’imaginaire pur. Le jeu avec la temporalité, très important, induit non seulement une fragmentation de la narration, mais aussi des développements thématiques saccadés (au sein d’un même livre et dans toute l’œuvre de l’auteur). Ces aspects sont loin d’être des obstacles car l’écrivain utilise un langage limpide, sans fioritures et effets de style, plus proche de la littérature populaire qui l’a inspiré. Nul doute que les monstres de Rodrigo Fresan, comme ceux de Diane Arbus, n’ont pas fini de fasciner… Un roman intitulé Vie des saints devrait bientôt sortir aux Editions du Passage du Nord Ouest.
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mercredi 11 mars 2009

Pour Jean Rolin


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Un fait divers sur une autoroute de Santiago au Chili qui aurait pu figurer dans le dernier livre de Jean Rolin Un chien mort après lui (Editions POL). Dans cet ouvrage inclassable, l'auteur offre sa vision du chien errant. Grâce à son regard subtil et malicieux, il livre une impeccable variation sur un thème a priori étonnant nourrie de nombreuses références à la littérature (Proust, Flaubert, Lowry...) et d'anecdotes glanées lors de ses voyages dans le monde entier.

mardi 10 mars 2009

Le cadeau d'Hermès

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Un article paru en février dans le magazine anglais Wire présente le label iranien Hermes Records. En plus de révéler des talents locaux, cette structure qui existe depuis le début des années 2000 s’est fixé pour objectif de susciter diverses rencontres musicales, principalement au sein de la région proche orientale, et d'offrir une reconnaissance internationale à ses artistes. Ces derniers sont résolument modernes car, tout en utilisant instruments et structures traditionnels, ils insufflent une grande liberté dans leurs créations en s'inspirant des pratiques de l'improvisation et de la musique contemporaine. Ici, point de discours politiquement correct sur la diversité, la paix ou le multiculturalisme, seule la musique compte, comme le slogan du label "Music for Music" l'indique.
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Le magnifique disque Endless Vision est issu de la rencontre en 2003 au Palais Niavaran à Téhéran entre l’Iranien Hossein Alizadeh (photo ci-dessus) et l’Arménien Djivan Gasparyan. Le premier est virtuose du tar, mais pour ce concert, il utilise le shurangiz, une espèce de luth à six cordes et au grand nombre de frettes. Le second joue du duduk, un hautbois à la tessiture très grave d'origine arménienne. Accompagnés d'autres instruments (percussions, cordes...) et chanteurs, le duo se lance, particulièrement sur la première plage, dans de longues complaintes lancinantes aux passages instrumentaux improvisés. Plusieurs disques sur le même label sont très prometteurs ! Ici, un avant-goût des talents d'Hossein Alizadeh.
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lundi 9 mars 2009

Débâcle

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"Le col était étroit et quand il y arriva il vit jaillir le flot des pourceaux, tumultueuse et stridente cascade qui s’évasait de l’autre côté dans une haute prairie au bord de l’à-pic surplombant la rivière. Ils tournoyaient de plus en plus vite en cercles de plus en plus larges à l’extrême limite de l’escarpement dans un arc de poussiéreux tumulte et il entendait les cris des gardiens au-dessous de lui et il voyait en contrebas le serpent gris et inerte de la rivière. Les pourceaux se précipitaient pour franchir le col et bousculaient ceux qui s’entassaient sur la prairie et qui commençaient à perdre pied sur les bords. Holme en vit deux basculer en hurlant et culbuter les jambes raides en d’innombrables pirouettes pour s’engloutir dans la rivière à une centaine de pieds au-dessous. Il descendit la pente vers le bord de la falaise et le chemin de corniche. Les gardiens couraient au hasard avec leurs bâtons levés parmi les tourbillons de pourceaux, trébuchant et tombant au milieu des bêtes, tentant de gagner le périmètre extérieur pour les écarter du bord. Cela souleva comme une rafale de vent dans l’herbe une nouvelle vague de panique parmi les pourceaux dont tout un échelon galopant au bord du précipice renonça à la terre ferme et se laissa tomber dans le vide avec des hurlements jaillis des entrailles. Maintenant le troupeau tout entier s’était mis à tournoyer de plus en plus vite en cercles de plus en plus larges le long de la falaise et dans leur mouvement centrifuge les rangs les plus proches du bord passèrent par-dessus l’escarpement, une file après l’autre en gémissant et en couinant tandis que s’élevaient au-dessus de ce vacarme les hurlements et les jurons des gardiens maintenant dressés pareils à des créatures sataniques au milieu du chaos de chair dont ils avaient la charge, enveloppés qu’ils étaient de nuages de poussière avec leurs bâtons brandis et leurs yeux farouches, non point comme d’authentiques porchers, mais plutôt comme des disciples des ténèbres envoyés là parmi leurs ouailles pour les conduire à leur fin.
Holme s’élança pour gagner les hauteurs comme un homme menacé par une inondation et là, du haut d’un rocher, il observa la suite des évènements. Les pourceaux étaient en pleine débandade. Le corps curieusement droit, comme s’il était maintenu par un tuteur, un des gardiens passa en décrivant de lentes rotations comme un homme endormi qui se serait mis à danser. Les pourceaux commençaient à refluer sur la pente rocailleuse, avec leurs sabots qui cliquetaient et grattaient et en poussant de rauques grognements. Holme se réfugia en haut du rocher et resta à les observer. Le gardien qui lui avait parlé fut projeté devant lui le dos voûté et les mains en l’air, épouvantail désarticulé et déguenillé qui se débattait avec des gestes éphémères dans cette frise de créatures frénétiques de sorte que Holme vit l’espace d’un éclair surgir obliquement de la poussière et du chaos et foncer sur lui deux yeux blancs qui étaient au-delà de la prière, portés comme l’ancien apostat de l’Evangile sept fois saisi dans le propre flot de ses invocations du monde souterrain ou comme un héros ballotté grotesque et traqué sur les épaules d’un foule confondue dans son iniquité à la forme même du mal, jusqu’à l’instant où il franchit le bord de l’escarpement et disparut avec son massif cortège de pourceaux."
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Cormac McCarthy, L’obscurité du dehors (Outer Dark, 1968). Editions du Seuil, collection Points, pp. 203-204.
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"1 Ils arrivèrent à l’autre bord de la mer, dans le pays des Gadaréniens. 2 Aussitôt que Jésus fut hors de la barque, il vint au-devant de lui un homme, sortant des sépulcres, et possédé d’un esprit impur. 3 Cet homme avait sa demeure dans les sépulcres, et personne ne pouvait plus le lier, même avec une chaîne. 4 Car souvent il avait eu les fers aux pieds et avait été lié de chaînes, mais il avait rompu les chaînes et brisé les fers, et personne n’avait la force de le dompter. 5 Il était sans cesse, nuit et jour, dans les sépulcres et sur les montagnes, criant, et se meurtrissant avec des pierres. 6 Ayant vu Jésus de loin, il accourut, se prosterna devant lui, 7 et s’écria d’une voix forte : Qu’y a-t-il entre moi et toi, Jésus, Fils du Dieu Très-Haut ? Je t’en conjure au nom de Dieu, ne me tourmente pas. 8 Car Jésus lui disait : Sors de cet homme, esprit impur ! 9 Et, il lui demanda : Quel est ton nom ? Légion est mon nom, lui répondit-il, car nous sommes plusieurs. 10 Et il le priait instamment de ne pas les envoyer hors du pays. 11 Il y avait là, vers la montagne, un grand troupeau de pourceaux qui paissaient. 12 Et les démons le prièrent, disant : Envoie-nous dans ces pourceaux, afin que nous entrions en eux. 13 Il le leur permit. Et les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les pourceaux, et le troupeau se précipita des pentes escarpées dans la mer : il y en avait environ deux mille, et ils se noyèrent dans la mer. 14 Ceux qui les faisaient paître s’enfuirent, et répandirent la nouvelle dans la ville et dans les campagnes. Les gens allèrent voir ce qui était arrivé. 15 Ils vinrent auprès de Jésus, et ils virent le démoniaque, celui qui avait eu la légion, assis, vêtu, et dans son bon sens ; et ils furent saisis de frayeur. 16 Ceux qui avaient vu ce qui s’était passé leur racontèrent ce qui était arrivé au démoniaque et aux pourceaux. 17 Alors ils se mirent à supplier Jésus de quitter leur territoire. 18 Comme il montait dans la barque, celui qui avait été démoniaque lui demanda la permission de rester avec lui. 19 Jésus ne le lui permit pas, mais il lui dit : Va dans ta maison, vers les tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur t’a fait, et comment il a eu pitié de toi. 20 Il s’en alla, et se mit à publier dans la Décapole tout ce que Jésus avait fait pour lui. Et tous furent dans l’étonnement."
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Evangile selon saint Marc (5, 1-20).
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mardi 3 mars 2009

Hugh Tracey le révélateur

Hugh Tracey en plein travail au Zimbabwe.
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Hugh Tracey (1903-1977) est un des plus fameux ethnomusicologues du siècle dernier. Son travail exceptionnel durant des décennies a révélé la richesse musicale de dizaines de peuples et de genres musicaux africains. Il découvre ces musiques et commence à les enregistrer dans les années 1920 au Zimbabwe. En 1954, il crée l'International Library of African Music (ILAM, toujours active aujourd'hui et intégrée à la Rhodes University à Grahamstown, Afrique du Sud) et entame son grand oeuvre : la collection Sound of Africa, composée de 210 microsillons !
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Hugh Tracey face à quelques-uns des disques qu'il a enregistrés.

Cette immense collection est au départ destinée à agrémenter les rayons d'universités ou les discothèques d'amateurs éclairés. Les disques qui la composent sont donc devenus très rares au fil du temps. Heureusement, Michael Baird, un percussionniste passionné lui-même field recorder à ses heures, a mis en place la structure indépendante Sharp Wood Productions afin de rééditer quelques uns des enregistrements de Hugh Tracey, en collaboration avec l'ILAM.

Ces quelque 21 disques, dont un Very Best of Hugh Tracey, s'attachent à explorer un genre ou une région bien précis : At the court of the Mwami, Rwanda, 1952 - Tanzania instruments. Tanganyika ou encore Kalimba & Kalumbu songs. Northern Rhodesia. Zambia. 1952 & 1957. Point besoin d'être un spécialiste ou d'étudier les (très bien faits) livrets qui accompagnent les disques pour apprécier ces musiques tant leur puissance rythmique, leur force émotionnelle et/ou leur capacité à transcender assurent leur accès auprès de tout mélomane. Elles permettent d'entrevoir un monde complexe et crépusculaire (car disparu aujourd'hui) où s'interpénètrent gestes quotidiens et pratique musicale et où soul et groove sont pleinement épanouis.

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Un de mes albums préférés de cette série est Origins of Guitar music in southern Congo & northern Zambia. Les musiques de cette compilation correspondent à des usages plus urbains, où l'influence occidentale se fait sentir, notamment suite à l'introduction dans ces contrées, via la radio, du swing ou de la rumba. Fusionnées à des pratiques locales, ces influences donnent naissance à une forme de proto-pop africaine, à la fois mélancolique et très enjouée. Parmi les musiciens présentés, les guitaristes George Sibanda et John Bosco Mwenda sont devenus de véritables stars dans leurs pays.
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