dimanche 25 juillet 2010

Ou tout ce qu'on voudra

.
"Dans les gares importantes, les voyageurs couraient au buffet comme des possédés, et le soleil couchant, derrière les arbres du jardin de la gare, éclairait leurs jambes et brillait sous les roues du wagon.
Pris à part, tous les mouvements de ce monde étaient froids et calculés ; dans leur ensemble, ils étaient inconscients et enivrés par le vaste flux de la vie qui les unissait. Les gens peinaient et s'agitaient, mus par le mécanisme de leurs soucis particuliers. Mais ces mécanismes n'auraient pas fonctionné, s'ils n'avaient eu pour régulateur principal un sentiment d'insouciance suprême et fondamentale. Cette insouciance avait pour source la conscience d'une solidarité des existences humaines, la certitude qu'il existait entre elles une communication et le sentiment de bonheur que l'on éprouvait à pressentir que tout ce qui se passe ne s'accomplit pas seulement sur la terre où l'on ensevelit les morts, mais encore ailleurs, dans ce que les uns appellent le Royaume de Dieu, d'autres l'Histoire ou tout ce qu'on voudra."
.
Boris Pasternak, Le docteur Jivago, Éditions Gallimard, Collection Folio, pp. 23-24.
.
On pensera à ce passage lors de la reprise de nos voyages réguliers en train... En attendant, ce blog risque de dormir jusque début août pour cause de bois, lacs et autres hameaux. A+ !
.

3 commentaires:

Laurent a dit…

Quel visage Pasternak...

Laurent a dit…

Au fait cher Jean Dezert, Auto-Da-Fé n'est plus mais je poursuis l'aventure blogueuse ici :
http://laurentberges.tumblr.com

Alexandre Galand a dit…

OK, je change le lien !