mercredi 2 janvier 2013

Retour (8)


Le livre a été présenté dans la nouvelle revue Zone Grise (premier texte ci-dessous) par Clément C. et dans Télérama (second texte) par François Gorin. Il a par ailleurs été inclus dans la page des ressources du World Forum for Acoustic Ecology et dans le top 2012 de notre camarade Young Girls Records.

"L'art du micro
Alan Lamb est chercheur en neurophysiologie. En 1976, il découvre en périphérie rurale de Perth, Australie, plus d’un kilomètre de fils téléphoniques abandonnés, soient douze poteaux et six fils dégainés. Agités par le vent, ces fils produisent des sons, un chant de la rencontre entre une production humaine abandonnée et une énergie naturelle, autonome. Un baptême, « Faraway Wind Organ », des micros pour des heures d’enregistrement, les éléments étant sensibles à des évènements aussi subtils que le trot des pattes d’une araignée, et parmi d’autres résultats, un disque brut, Archival Recordings sorti en 1995, aux deux longues pistes d’un drone né de reliques industrielles, hypnotique, dense, vivant.
Ce disque, avec quatre-vingt-dix-neuf autres, est présenté par Alexandre Galand dans Field Recording, L’Usage sonore du monde en cent albums, immersion dans l’univers des enregistrements dits de terrain. Une anthologie donc, mais aussi une introduction élégante, des interviews d’acteurs majeurs et qui permettent de saisir les trois principales démarches regroupées sous cet alias unique, audio-naturalisme, collecte ethno-musicologique, composition, et leurs fertiles interpénétrations. Le style ne pèche jamais tant la phrase est alerte, vive, concise. Le néophyte pris du minimum vital de curiosité désespérera vite de trouver le temps de localiser puis d’écouter l’intégralité des disques choisis, tant Galand sait transmettre la joie qu’il a éprouvée à la découverte de chacun d’entre eux. Un micro, un enregistreur, un disque, et le monde est à nouveau là, devant soi, prêt à l’usage, prêt à la sauvegarde, pour qui veut s’en donner la peine." (Zone Grise)

"Capter le blues du Mississippi, les flûtes du Rajasthan ou les chants des oiseaux... une pratique décrite dans deux ouvrages passionnants.
Qu'est-ce qu'un « field recording » ? Deux livres, passionnants et complémentaires, cernent la question. Dans le premier, The land where the blues began, traduit près de vingt ans après sa parution américaine, Alan Lomax raconte par le détail comment, dès les années 1930, avec son père John, il a enregistré dans le delta du Mississippi des musiciens noirs aussi démunis que talentueux. Certains de ces bluesmen s'appelaient Son House, Leadbelly, Big Bill Broonzy, Muddy Waters. Il s'agissait de garder la trace, même fugace, d'un foisonnement musical alors non reconnu, à la fois primitif et sophistiqué. Ce travail de défrichage a donné quantité de recueils et d'anthologies, qui forment une encyclopédie vivante du folk et du blues, et continuent d'exercer leur influence aujourd'hui. Sous-titré L'Usage sonore du monde en 100 albums, en hommage à l'écrivain voyageur Nicolas Bouvier, l'ouvrage d'Alexandre Galand, Field Recording, élargit la notion d'« enregistrement de terrain ». Sa recension part d'une vision ethnographique pour dériver jusqu'à la musique concrète et aux « captations d'environnement sonore ». On y croise donc des chants d'oiseaux, des flûtes du Rajasthan... et les Prison Songs collectées par Alan Lomax." (Télérama)