mardi 16 juin 2009

Groove et tellurisme

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Avec la musique, ce qui est parfois décourageant, mais le plus souvent terriblement enthousiasmant, c'est que l'on sait que l'on n'épuisera jamais un genre ou même un sous-genre. Il y aura toujours des pépites, des groupes extraordinaires (évidents pour certains, moins pour d'autres) à dénicher. Par exemple, dans l'immense galaxie free jazz, les probabilités d'émerveillement sont nombreuses. En effet, la liberté et la radicalité de cette musique ont souvent exclu ses créateurs de l'histoire officielle, nous empêchant du coup de les découvrir avec facilité. Cette difficulté n'est pas forcément une mauvaise chose : elle donne du goût et une histoire à notre révélation. Ces derniers temps pourtant, le travail de réédition de certains labels ou la mise à disposition sur des blogs mp3 permettent de passer outre ces problèmes d'accès.
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Ces jours-ci, j'écoute beaucoup le saxophoniste Idris Ackamoor, dont le travail a été à nouveau révélé par l'excellent label japonais EM Records sous le titre Music of Idris Ackamoor 1971-2004. Les deux CDs comprennent essentiellement des pièces enregistrées durant les années 1970 avec les premiers groupes d'Ackamoor, The Collective et The Pyramids (3 albums à l'actif de ce dernier : Lalibela, 1973 - photo ci-dessus -, King Of Kings, 1974 et Birth, Speed, Merging, 1976). Cette musique est dévastatrice. Free jazz cosmique, percussions africaines, rythmiques funk et chants tribaux convolent pour créer un groove tellurique et essentiel. Sons de cloches entêtants, drones et envolées lyriques de saxophone participent à l'hypnose et à l'ivresse. Cette démarche de syncrétisme fait parfois penser à des aficionados d'un free jazz psychédélique contemporain tels que Valério Cosi, Neokarma Jooklo Trio ou certaines formations scandinaves comme Kemialliset Ystävät. En amont, elle dérive évidemment des pas de côté magnifiques de Sun Ra, Pharoah Sanders, Don Cherry ou de l'Art Ensemble of Chicago. Idris Ackamoor a fondé en 1979 la compagnie artistique Cultural Odyssey.
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