Quelques disques auxquels participe le saxophoniste Evan Parker figurent parmi mes albums préférés. Il y en a un pourtant dont l'écoute me plonge à chaque fois dans un état de torpeur béate : Evan Parker with Birds, sorti en 2004 sur le label Treader (lancé par John Coxon et Ashley Wales du groupe d'improv pop Spring Heel Jack). Ces deux derniers ont pour l'occasion créé une chape sonore composée de chants d'oiseaux juxtaposés et associés à des manipulations électroniques. Sur cette base, Evan Parker improvise au saxophone en utilisant différentes techniques avec une grande subtilité : souffle circulaire, percussions sur les touches de l'instrument... Comparativement à d'autres enregistrements, le jeu du saxophoniste est marqué par une grande retenue. Par moments, seul son souffle est perceptible. Ailleurs, on ne sait plus distinguer le cri de l'oiseau de celui de l'artiste. Un dialogue fragile s'installe parfois, avant d'être interrompu par le cri retentissant d'un faisan. J'adore me plonger dans cette atmosphère très poétique évoquant des ambiances de sous-bois à l'aube ou au crépuscule. Le disque est dédié à la mémoire du grand Steve Lacy. D'autres disques magnifiques sont parus sur le label Treader : on peut y croiser des anciens tels que John Tchicai ou Wadada Leo Smith, mais aussi de plus jeunes improvisateurs à la carrière déjà bien entamée comme Alex Ward ou les membres de Spring Heel Jack. Tous ces disques sont marqués par une ligne graphique sobre et cohérente, puisque chacun d'entre eux est monochrome et décoré par une image d'animal.
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