vendredi 24 juillet 2009

Comment faire un film après "Les maîtres fous" ?

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Jean Rouch et Raymond Depardon tentent de répondre à la question, posée par le second, lors d'une discussion à la cinémathèque de Chaillot après la projection de leurs films Les maîtres fous (1955) et Afriques : comment ça va avec la douleur ? (1996) : partie 1 et partie 2.
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mardi 21 juillet 2009

Fun et histoire du jazz

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Le texte qui accompagne This is our Moosic (Hot Cup, 2009), le dernier disque du quartet Mostly Other People Do the Killing, est écrit par le contrebassiste Moppa Elliott. Il s'agit d'une très intéressante réflexion sur ces notions souvent controversées dans le monde du jazz libre que sont la qualité musicale, la hiérarchie des valeurs ou le rapport entre rythme et mélodie. En situant son groupe dans la lignée de Charles Migus, Ornette Coleman, l'ICP Orchestra ou Clusone Three, l'artiste place évidemment la barre très haut, mais une écoute répétée de l'album ces derniers jours me révèle toute la puissance, la joie et l'invention contenue dans cette musique, qui n'a pas à rougir de sa comparaison avec celle de ces illustres prédecesseurs.
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La plus belle présentation de cette dernière est peut-être celle du contrebassiste : "Peter, Jon, Kevin and I realy love playing jazz, and hope that you enjoy listening to us. (...) We try to make music that is fun, and for us, "fun" means risk and parody and chaos and pop and beauty and be-bop and dissonance and smooth jazz and sometimes breaking things." Sur l'album, on passe d'un pastiche incroyablement dansant de jazz New Orleans à des envolées free sur de furieux rythmes be-bop. L'histoire du jazz est ainsi envisagée avec un regard ironique, sans jamais tomber dans la bouffonnerie.
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Cette notion de fun est également illustrée par l'hilarante boutique sur le site du groupe où l'on trouve divers articles tels que celui illustré ci-dessus, un manteau pour chien, un tablier de barbecue ou un t-shirt pour bébé.
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Outre Moppa Elliott, le groupe comprend également le trompettiste Peter Evans (dont on avait parlé ici), le batteur Kevin Shea (du tonitruant groupe Talibam!) et le saxophoniste Jon Irabagon. This our Moosic est leur troisième album.
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dimanche 19 juillet 2009

Nazi Knife

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L'album Flame Desastre de Sister Iodine est sorti il y a peu sur Premier Sang, label créé pour l'occasion par le musicien et illustrateur Hendrik Hegray. En attendant de pouvoir écouter cette nouvelle déflagration par ce qui est probablement un des groupes français noise les plus intéressants du moment, j'ai découvert un véritable monde grouillant de vie et d'invention dans le domaine du dessin contemporain. En effet, Hendrik Hegray est, avec Jonas Delaborde, un des instigateurs de la revue Nazi Knife. Celle-ci, qui en est à son cinquième numéro, a pour objectif de présenter les réalisations d'artistes issus de l'avant-garde internationale.
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A un prix très démocratique, le Nazi Knife 5 (couleur, format A5, 180 pages) regroupe des oeuvres aux styles très divers. Cependant, on sent bien qu'elles ont été assemblées selon un goût, un projet répondant à des critères cohérents. D'une esthétique privilégiant avant tout une certaine spontanéité, voire un inachèvement apparent, les images ne sont pas construites de façon à répondre à des jugements académiques. L'essentiel n'est pas là. Au niveau thématique, on peut observer des recyclages de formes héritées du passé (que ce soit dans les arts plastiques traditionnels, la publicité la plus vulgaire ou la bande dessinée dite underground), des difformités anatomiques, des constructions architecturales et cosmiques proches de l'abstraction... Un mauvais goût cultivé pourrait rapprocher ces oeuvres de ce que l'on pourrait trouver dans des fanzines et autres revues perpétuant un esprit D.I.Y. et provocateur gratuit. Pourtant, il n'en est rien, tant l'aura qui se dégage de ces réalisations les place ailleurs, dans une zone obscure où la vulgarité confine au sublime et vice-versa. Plutôt que d'envisager les images les unes après les autres, il faut feuilleter le livre pour les apprécier au mieux. Au fil des pages se dégage alors une impression de primitivisme cru et d'onirisme à la fois horrible et mélancolique.
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Ces caractéristiques collent à merveille à certaines des musiques noise les plus contemporaines. De plus, et ce n'est pas un hasard vu les noms des collaborateurs, l'esthétique décrite évoque celle des pochettes de disques de cette scène. On trouve ainsi des images de James Ferraro et de Spencer Clark des Skaters, de John Olson et Nate Young des Wolf Eyes...
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Pour découvrir plus avant ce genre artistique, voir notamment le Frederic Magazine, les éditions Kaugummi ou encore les éditions du 57. Ici, un entretien Jonas Delaborde et Hendrik Hegray.
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vendredi 17 juillet 2009

Vision and Flow

Alexander Rodtchenko, Pionnier à la trompette, 1930.
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Niveau concerts, voyager à New York durant la première quinzaine du mois de juin devrait enthousiasmer n'importe quel amateur de jazz moderne. En effet, a lieu annuellement le Vision Festival, probablement une des vitrines les plus prestigieuses d'un free jazz inventif et progressiste, aussi bien américain qu'international. La dernière programmation comprenait, pour ne citer qu'eux : William Parker, Hamid Drake, Henry Grimes, Marshall Allen et son Sun Ra Arkestra, Sunny Murray, Joe McPhee, Matthew Ship, Milford Graves, Peter Brötzmann et Joe Morris. J'arrête là, je crois que la liste parle pour elle-même. L'évènement est d'une double importance puisque de nouvelles oeuvres et des formations y sont créées chaque année. Enfin, de nombreux disques y sont enregistrés, par exemple les excellents Double Sunrise Over Neptune de William Parker (Aum Fidelity, 2008) et 17 Musicians in Search of a Sound: Darfur de Bill Dixon (Aum Fidelity, 2008).
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Pour des raisons d'incompatibilité de calendriers, je n'ai pas pu assister à ce rendez-vous exceptionnel. Une prochaine fois peut-être ? Cependant, tout n'était pas perdu puisque le Rise Up Creative Music and Arts (RUCMA), la plate-forme à la base du festival, organise également des concerts hebdomadaires au Local 269, un bar dans le Lower East Side. Le lundi 29 juin s'y produisaient le Flow Trio de Joe Morris et le Ray Anderson Trio.
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En quelques années, Joe Morris est devenu un des guitaristes les plus fascinants et réputés de la scène free jazz. Son désir d'expérience s'est traduit dernièrement par son passage à la contrebasse (parce qu'il ne trouvait personne qui en jouait comme il le souhaitait !), instrument qu'il alterne désormais avec la guitare. On lui connaît également des expériences ponctuelles et singulières comme sur l'étrange Eloping with the Sun (Riti Records, 2002, label fondé par Morris dès 1981) où il joue du banjo en compagnie du contrebassiste William Parker (ici au guembri, une espèce de luth nord-africain) et du percussionniste Hamid Drake. Autodidacte, le musicien a nourri son jeu d'influences diverses, telles que le free jazz bien sûr, mais aussi la musique traditionnelle d'Afrique de l'Ouest, Olivier Messiaen ou des jazzmen plus "classiques" comme Eric Dolphy et Jimmy Lyons. La liste de ses disques et collaborations est longue. Citons par exemple Andrew Cyrille, Peter Kowald, Joe McPhee ou Ken Vandermark. Il joue de la guitare dans le nouveau quartet de David S. Ware et accompagne désormais le pianiste Matthew Ship à la contrebasse à la place de William Parker.
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Dans le Flow Trio, Joe Morris, ici à la contrebasse, est épaulé par le saxophoniste Louie Belogenis et le batteur Charles Downs (Rashid Bakr). Leur musique, sous l'influence de John Coltrane ou Albert Ayler, condense lyrisme puissant, envolées contrôlées en solo et rythmique grondante et soutenue. La nature des instruments induit une plus grande écoute du saxophone, dont la langage se rapproche le plus de ce qui pourrait être assimilé à une "histoire". Pourtant, les deux autres musiciens sont suffisamment inventifs pour nous rappeler à leur attention. Cette oeuvre libre et passionnée est documentée par deux albums : The Flow, concert enregistré en 2004 (Ayler, 2007), et Rejuvenation (ESP-Disk, 2009).
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Le tromboniste Ray Anderson a quant à lui oeuvré aux côtés d'Anthony Braxton, Charlie Haden ou Roscoe Mitchell. En compagnie du saxophoniste, flutiste et clarinettiste Marty Ehrlich et du batteur Gerald Cleaver, il élabore une musique aux accents plus tribaux. Caractérisée par l'utilisation de rythmes répétitifs et de sons lâchés avec parcimonie et justesse, elle évoque aussi bien les fanfares de New Orleans que les transes de Don Cherry ou de l'Art Ensemble of Chicago. De quoi en tout cas achever une belle soirée de découverte...
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dimanche 12 juillet 2009

Mots et contraintes

Un alphabet photographique par Lisa Rienermann.
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Pour le centième post de ce blog, j'avais envie de m'amuser un peu. Pourquoi ne pas se lancer dans quelques jeux d'écriture à l'occasion de la récente parution d'une stimulante Anthologie de l'OuLiPo dans la collection Poésie chez Gallimard ? L'ouvrage, de plus de 900 pages, édité par Marcel Benabou et Paul Fournel, comprend de très nombreux textes rédigés par Georges Perec, Raymond Queneau ou Italo Calvino (pour ne citer que les plus connus). Toutes leurs inventions langagières humoristiques et érudites ont été classées par thèmes : ville, amour, animaux, patrimoine...
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Le premier "exercice" de Georges Perec (publié pour la première fois dans le Magazine littéraire en 1974) s'intitule "35 variations sur un thème de Marcel Proust". En utilisant à chaque fois une contrainte différente, l'auteur fait se succèder 35 versions du fameux "Longtemps je me suis couché de bonne heure". A titre de récréation, je vais appliquer ici les mêmes contraintes au non moins célèbre "Aujourd'hui, maman est morte" d'Albert Camus.
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00 Texte-souche
Aujourd'hui, maman est morte
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01 Réorganisation alphabétique
AAA D EE H I J MMM N OO R S TT UU
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02 Anagramme
Manet jouit d'arômes au rhum
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03 Anagramme (autre)
Ha ! J'use ton amour d'immature
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04 Lipogramme en A
Ce jour, mère est morte
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05 Lipogramme en I
Ce jour, maman est morte
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06 Lipogramme en E
Aujourd'hui, maman : fin !
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07 Translation
Automatiquement, ma mamillaire est morveuse
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08 Palindrome strict
Et romt se nama miuh ! Druo jau...
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09 Bourdon
(il s'agit ici d'enlever une lettre à un des mots, sans créer d'incohérence grammaticale et sans utiliser de mots ne figurant pas dans le dictionnaire : je n'ai rien trouvé !)
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10 Double bourdon
(idem pour deux lettres : idem)
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11 Epenthèse
Baujourd'hui, maman est morte
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12 Négation
Aujourd'hui, maman n'est pas morte
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13 Insistance
Durant cette période de temps délimitée comprise entre hier et demain, qui sera à jamais liée à une date précise du calendrier et qui commence à minuit pour s'achever 24 heures plus tard, la dame responsable de mon arrivée sur cette terre après 9 mois en son sein a vu toutes ses fonctions biologiques s'éteindre et n'existe, ne vit, ne subsiste donc plus et ce pour toujours, à jamais, qu'elle repose en paix.
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14 Ablation
Maman est morte
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15 Ablation (autre)
Aujourd'hui, maman
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16 Double ablation
Maman
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16a Triple ablation
...
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17 Triple contresens
Hier, ma belle-mère est allée dormir
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18 Autre point de vue
Haaaaaaa Albert ! Je me meurs !
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19 Variations minimales
Aujourd'hui, maman est porte
Aujourd'hui, moman est morte
Aujourd'hui, maman est morne
Aujourd'hui, maman est morve
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20 Antonymie
Hier, papa est né
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21 Amplification
Tous les jours, maman ne cesse de mourir
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22 Diminution
A l'instant même, maman a eu une faiblesse
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23 Permutation
Maman est morte aujourd'hui
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24 Contamination croisée
a) La première fois qu'Aurélien vit Bérénice, maman est morte
b) Aujourd'hui, il la trouva franchement laide
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25 Isomorphismes
Chaque jeudi, le temps semble long
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26 Synonymie
Ce jour, mère est décédée
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27 Fine déduction
En ce jour, celle qui me le donna ne le verra plus
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28 Contamination (autre)
Un spectre hante l'Europe, maman est morte
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29 Isoconsonnantisme
Et j'erre dans mon monastère
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30 Isovocalisme
Autour du puits, l'amant est gore
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31 Isophonisme
Ô jour ! Dumas ment, hait, mord !
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32 Boule de neige clinamemoïde
Ô
la
fin
vise
maman
triste
journée
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33 Hétérosyntaxisme
Cette journée a sonné le glas de celle qui m'enfanta
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34 Alexandrin
Et aujourd'hui, ma maman est bel et bien morte
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35 Interrogation
Maman serait-elle morte aujourd'hui ?
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(Nous laisserons le lecteur en proie à cette douloureuse question)
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Le site de l'Oulipo.
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vendredi 10 juillet 2009

New Trumpet Music

André-Adolphe-Eugène Disdéri, Mlle Clémence Sergent en deux poses, vers 1867, épreuve sur papier albuminé, Paris, Musée d'Orsay.
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Durant mon séjour à New York, j'aurai eu la chance d'assister à la dernière soirée du Festival of New Trumpet de cette année. Le FONT est fondé en 2003 par les trompettistes Roy Campbell Jr. et Dave Douglas avec pour mission la promotion des musiques et musiciens actuels privilégiant l'usage de la trompette dans une démarche créative. Outre l'organisation d'un festival annuel (dont la première édition a eu lieu au Tonic, club mythique désormais fermé, en août 2003) et de concerts ponctuels, cette plate-forme s'investit également dans la commande d'oeuvres, par exemple à Peter Evans ou à la formation de Laura Andel, Taylor Ho Bynum et Gamelan Son of Lion (un Cd à venir sur l'excellent label Creative Sources). On doit aussi au FONT le retour sur la scène new-yorkaise de l'immense Bill Dixon.
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Le festival de cette année (programme complet) s'est déroulé au Cornelia Street Cafe, un très sympatique restaurant et lieu de concert situé à Greenwich Village, rejoint dans la petite rue du même nom après avoir traversé les hordes en furie de la Gay Pride. La première formation, Clarino, est composée du trompettiste Thomas Heberer et du clarinettiste Joachim Badenhorst. Le premier s'est illustré ces dernières années en intégrant les rangs de l'ICP Orchestra (on en parlait ici, et le Ruffian a documenté leur dernier concert belge ) et du Berlin Contemporary Jazz Orchestra d'Alexander von Schlippenbach. Le Belge Joachim Badenhorst fait quant à lui partie de diverses formations dont un trio avec le batteur Han Bennink et le pianiste Simon Toldam-Rosengren. Constitué de pièces relativement courtes, leur set montre une grande variété d'interactions entre les deux instruments. Respiration circulaire, exploitation du silence, fragmentation du son, il est parfois difficile, pour un néophyte comme moi, de distinguer la part improvisée de la part écrite de leur prestation. Il s'agit, quoi qu'il en soit, d'une musique captivante et surprenante qui ne dévalue certainement pas les objectifs poursuivis par le festival.
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Le quartet de Russ Johnson, comprenant le pianiste Jacob Sacks, le contrebassiste Elvind Opsvik et le batteur Rudy Royston, a présenté quant à lui une approche musicale plus traditionnelle (ce terme ne devant pas être interprété négativement pour autant). Pour l'occasion, le trompettiste, que l'on a déjà entendu aux côtés de Lee Konitz, Kenny Wheeler ou Tony Malaby, présentait des compositions d'un free jazz musclé et énergisant avec son nouveau quartet. Lyrisme enflammé et rythmique décapatante (assurée notamment par un pianiste à l'enthousiasme communicatif) ont concouru à réchauffer la conclusion d'un festival défricheur et sans aucun doute essentiel.
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Pour aller plus loin, voir ce post sur le site Destination Out où Dave Douglas écrit sur le travail de trompettiste en solo et sur quelques-uns de ses albums préférés dans le genre et l'essai Trumpet Mechanics par Thomas Heberer.
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Retour

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lundi 6 juillet 2009

Anniversaire !

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A défaut d'une carte postale. Joyeux anniversaire Annelore !
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Les patriotes

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jeudi 2 juillet 2009

Concours de beauté


Exercice de contrainte. Remplacer "émigrants" par "touristes" :

"ne pas dire seulement : seize millions d'émigrants sont passés en trente ans par Ellis Island
mais tenter de se représenter ce que furent ces seize millions d'histoires individuelles, ces seize millions d'histoires identiques et différentes de ces hommes, de ces femmes et de ces enfants chassés de leur terre natale par la famine ou la misère, l'oppression politique, raciale ou religieuse, et quittant tout, leur village, leur famille, leurs amis, mettant des mois et des années à rassembler l'argent nécessaire au voyage, et se retrouvant ici, dans une salle si vaste que jamais ils n'avaient osé imaginer qu'il pût y en avoir quelque part d'aussi grande, alignés en rangs par quatre, attendant leur tour
...
il ne s'agit pas de s'apitoyer mais de comprendre
quatre émigrants sur cinq n'ont passé sur Ellis Island que quelques heures
ce n'était, tout compte fait, qu'une formalité anodine, le temps de transformer l'émigrant en immigrant, celui qui était parti en celui qui était arrivé,
mais pour chacun de ceux qui défilaient devant les docteurs et les officiers d'état civil, ce qui était en jeu était vital :
ils avaient renoncé à leur passé et à leur histoire, ils avaient tout abandonné pour tenter de venir vivre ici une vie qu'on ne leur avait pas donné le droit de vivre dans leur pays natal et ils étaient désormais en face de l'inexorable"

extraits de Récits d'Ellis Island de Georges Perec et Robert Bober, éd. P.O.L.

La liberté guidant le peuple

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