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"Ils manquent de temps pour eux, ils ont peur d'être seuls,
mais ils avalent goulûment l'histoire, les disparus, le réel et les images,
en arrosant avec l'urine bicolore des déesses
dont le sang menstruel coule dans les livres de voyage,
ils se hâtent d'avaler les phénomènes du jour, sans don d'aucune révélation,
et ainsi se recouvrent de masques avec une paralysante cohérence,
ils sont toujours en manque de biens, de bornes et d'habitudes
avec leur fringale omnivore d'explications pour tout,
et lorsque sonne l'heure de leur extinction
ils sont là, gavés de leur destin,
alors que dieu, peut-être, n'est que le spectateur d'espaces vides
et qui ne sont pas destinés à être remplis..."
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Vladimir Holan, Pressés (du recueil Vers l'avant, 1943-48), dans l'Anthologie de la poésie tchèque contemporaine. 1945-2000, Paris, Gallimard, 2002, p. 47.
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