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lundi 24 novembre 2008

Des cèdres et du souffle


Il faut souligner la très grande qualité des enregistrements du label Al-Maslakh (L’abattoir). Créé en 2005, il a pour but d’initier des rencontres entre jeunes improvisateurs de la scène libanaise, parfois avec des musiciens venus d’autres horizons géographiques. On citera par exemple Gene Coleman, Ingar Zach ou encore Michael Zerang. Le concert de ce dernier avec le célèbre Peter Brötzmann à Beyrouth en 2005 est paru sur le même label et présente un duo saxo-batterie de haute tenue. D’après les notes de la pochette, les musiciens surprirent d’abord l’audience, peu habituée à ce genre d’intense performance, avant de l’entraîner dans leur tornade rythmique et mélodique.

Ce concert était un des évènements du festival Irtijal, un festival international de musique improvisée libre, initiative inédite et remarquable dans le coin, qui a lieu tous les ans et dont les organisateurs sont étroitement liés au label Al-Maslakh. Une idée de destination ? En tout cas, un fameux démenti à une vision d’une région a priori rétive aux musiques aventureuses.

Un des piliers du label est le trompettiste Mazen Kerbaj, connu par ailleurs pour ses activités de dessinateur. Il tient notamment un blog dessiné où est évoqué son quotidien avec beaucoup d’humour. Son album solo BRT VRT ZRT KRT est une vraie merveille où différentes techniques d’utilisation de l’instrument, notamment en conjonction avec divers objets (sourdines et autres), créent une atmosphère très poétique, où les chants d’oiseaux se transforment en rumeurs industrielles et vice versa.


A l’occasion du festival Irtijal 2006, le batteur Michael Zerang (batteur du Peter Brötzmann Chicago Tentet et collaborateur régulier de Mats Gustafsson, Hamid Drake ou encore John Butcher) est retourné à Beyrouth et a participé à une session d’enregistrements avec des musiciens locaux. Cedarhead le voit croiser le fer successivement avec Christine Sehnaoui (saxophone alto), Béchir Saadé (ney), Jassem Hindi (dispositifs électroniques), Mazen Kerbaj (trompette), Raed Yassin (dispositifs électroniques), Sharif Sehnaoui (guitare acoustique) et Charbel Haber (guitare électrique). Chaque duo est l’occasion d’un dialogue-improvisation où la palette de l’instrument est exploitée dans plusieurs registres. Seul le dernier morceau, où Zerang utilise une darbouka, évoque les musiques orientales.


Christine Sehnaoui n’arrête pas de tourner et de multiplier les rencontres, que ce soit avec des pionniers de l’improvisation (on l’a vu par exemple jouer cette année au festival Interact à Hasselt aux côtés du batteur suédois Sven-Ake Johansson, du saxophoniste anglais Evan Parker…), des rockers (The Ex) et bien d’autres. Sur Shortwave (enregistré au GRM à Paris), son partenaire est Michel Waiswisz, un compositeur / performeur de musique électronique live, qui a développé de nouveaux instruments de musique électronique, basés sur le contact avec le corps humain. Décédé récemment, il n’aura pas vécu la sortie de cet album où il utilise « The Hands », des espèces de poignées équipées de micros pouvant créer des boucles et des vibrations que le musicien module selon son envie.
Pour avoir une idée plus concrète de leur collaboration : http://fr.youtube.com/watch?v=AedrvTXBgEA

Remarquons enfin que la ligne graphique du label est très classieuse. Bref, n’hésitez pas à commander ces albums !

Christine Sehnaoui sera en concert en Belgique avec Olivier Toulemonde et Mathias Forge début de l’année prochaine, le 31 janvier à l’An vert à Liège et le 1er février au Q-O2 à Bruxelles.