Affichage des articles dont le libellé est funérailles. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est funérailles. Afficher tous les articles

jeudi 7 juin 2012

Mnémotourisme (4)


En attendant d'aller déjeuner sur un kourgane, un petit voyage du côté des funérailles des rois scythes, telles qu'elles ont été décrites par Hérodote, ne nous fera pas de tort. 
Lorsqu'un roi mourait, le cadavre était éviscéré, rempli d'aromates et installé sur un chariot afin d'être promené dans toutes les contrées du royaume. Enfin, il était placé dans une fosse creusée dans le sol, mais pas seulement... Pour la suite, voici la description de l'historien grec, au 5e siècle avant Jésus Christ (Histoires IV, 71-72, traduction P.E. Legrand) :

"Dans l'espace laissé libre de la chambre, ils ensevelissent, après les avoir étranglés, une des concubines du roi, son échanson, un cuisinier, un palefrenier, un valet, un porteur de messages, des chevaux, une part choisie de toutes ses autres appartenances, et des coupes d'or (point du tout d'argent ni de cuivre) ; cela fait, tous travaillent à élever un grand tertre, rivalisant avec zèle pour qu'il soit le plus grand possible.
Au bout d'un an, ils accomplissent cette nouvelle cérémonie : ils prennent parmi les autres gens de la maison du roi les plus aptes à le bien servir (ce sont des Scythes de naissance ; sont domestiques du roi ceux à qui lui-même en donne l'ordre, les Scythes n'ont pas de domestiques achetés) ; ils étranglent donc une cinquantaine de ces serviteurs, et cinquante chevaux, les plus beaux : ils leur vident le ventre, le nettoient, le remplissent de paille et le recousent. Ils fixent à deux pieux la moitié d'une roue, tournée vers le bas, l'autre moitié de la roue à deux autres pieux, et plantent en terre quantité de pieux portant ainsi des demi-roues ; ils font passer ensuite à travers les chevaux, en long et jusqu'au cou, de grosses pièces de bois, et montent ces chevaux sur les roues ; celles de devant soutiennent leurs épaules, celles de derrière supportent le ventre auprès des cuisses ; les deux paires de pattes pendent sans toucher terre. Ils mettent aux chevaux des rênes et des mors, tirent les rênes en avant d'eux et les attachent à des piquets. Des cinquante jeunes gens qu'on a étranglés, chacun est monté sur son cheval, voici comment : on enfonce à travers chacun des corps, le long de l'épine dorsale, un morceau de bois vertical allant jusqu'au cou ; de ce morceau de bois, une pointe dépasse en bas ; on la fiche dans un trou que présente l'autre pièce de bois qui traverse le cheval. Après avoir dressé ce genre de cavaliers en cercle autour du tombeau, les Scythes se retirent."
 
Ci-dessus, un tissu décoré d'un guerrier scythe découvert dans une des tombes de Pazyryk, dans les montagnes de l'Altaï en Sibérie (conservé au Musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg).