Han Bennink et Misha Mengelberg, 1997 (photo : Francesca Patella, source : site web de l'ICP Orchestra)
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Les années 1960 voient fleurir en Europe un mouvement musical qui n'a eu de cesse depuis de s'amplifier et de se renouveler : celui de l'improvisation libre. Si cette pratique existe depuis la nuit des temps, elle n'aura atteint son paroxysme et sa conscientisation qu'à cette période, notamment sous l'influence du free jazz afro-américain, des expérimentations de la musique contemporaine (sérielle, spectrale, minimaliste, électro-acoustique...) et d'avant-gardes artistiques comme Fluxus. D'emblée, cette mouvance s'internationalise, avec des ramifications en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Scandinavie ou en France.
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Les Pays-Bas ne sont pas en reste. En 1967, le batteur Han Bennink et le saxophoniste Willem Breuker sortent l'album New Acoustic Swing Duo, la première sortie du label ICP (Instant Composers Pool). Cette structure qu'ils gèrent avec le pianiste Misha Mengelberg perdure encore aujourd'hui. Le nom du label, ICP, sonne comme un manifeste, puisqu'il définit l'improvisation comme une "méthode" de composition, qui se déroulerait dans l'instant de la rencontre musicale et se passerait donc de partition. Une telle manière n'induit pas un laisser-aller technique et/ou un hermétisme froid, comme pourraient le supposer certaines oreilles non averties, mais au contraire exige de la virtuosité, une capacité à surprendre et à puiser en soi nombre d'expressions et variations sonores sensibles et subtiles. Très vite, Bennink et Mengelberg deviennent les deux principaux animateurs du label, Breuker s'en éloignant pour se consacrer à son Kollectief.
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Les disques de l'ICP comportent un personnel changeant, du duo de Bennink et Mengelberg dans sa forme la plus élémentaire à des formations étendues, accueillant parfois des musiciens étrangers comme John Tchicai, Derek Bailey ou Dudu Pukwana (du mythique groupe de free d'origine sud-africaine les Blue Notes). Dans sa forme actuelle, l'ICP Orchestra accueille, outre les fondateurs Han Bennink et Misha Mengelberg, nombre de musiciens prestigieux, hollandais mais aussi anglais, américains et allemands : les saxophonistes Ab Baars, Michael Moore et Tobias Delius, le contrebassiste Ernst Glerum, le trompettiste Thomas Heberer, le violoncelliste Tristan Honsinger, la violoniste Mary Oliver et le tromboniste Wolter Wierbos. La liste des collaborations de tous ces artistes est trop longue pour être rappelée ici. Cette page du groupe en donne une idée plus nette.
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Par rapport à d'autres Big Bands d'improvisation européens, comme le Globe Unity Orchestra d'Alexander von Schlippenbach, le Barry Guy New Orchestra ou le London Improvisers Orchestra, l'ICP Orchestra se distingue par un attachement à certains incunables de l'histoire du jazz comme Thelonious Monk ou Herbie Nichols et par une volonté d'introduction de l'humour dans ses performances musicales. Ceci explique le sous-titre "Jazz + Classical Music + Absurdism" du livre New Dutch Swing de Kevin Whitehead (Billboard Books, 1998, réédité en 2000).
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L'ICP Orchestra se produira ce samedi 13 juin au CC de Maasmechelen. Le vendredi, Misha Mengelberg jouera en compagnie de la violoncelliste Frances-Marie Uitti avant de céder la place au pianiste Tomoko Mukaiyama. Ici, on peut voir le groupe reprendre le Criss Cross de Monk et là, collaborer avec le saxophoniste Anthony Braxton en 2006.
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2 commentaires:
c'est parti!
Maître Dezert, merci pour toutes les belles choses que j'ai pu découvrir à votre contact. je vous remercie également pour ce sens de la communication immaculé. vous avez la grâce !
GOD BLESS YOU !
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