lundi 26 avril 2010

Quand l'anthropologue arrive, les dieux s'en vont

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C'est par hasard et à quelques jours d'intervalle que j'ai découvert deux travaux s'intéressant à la pratique du vaudou. Dans le dernier numéro de XXI, de très belles photographies de Gaël Turine documentent un pélerinage vaudou à Haïti en 2005. De très beaux N/B légèrement vaporeux nous font découvrir des moments de possession et d'allégresse dans des cadrages serrés, au plus près du sujet. On peut admirer quelques clichés de ce reportage ici.
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Maya Deren est une figure clé du cinéma expérimental américain, puisque dès les années 1940, elle commence à créer des films d'inspiration surréaliste. Son intérêt pour la danse, et surtout pour la recherche d'une manière cinématographique adéquate de filmer celle-ci, constitue peut-être son apport majeur dans le domaine (voir par exemple A Study in Choreography for Camera en 1945, par exemple ici). C'est notamment cet attrait pour la danse qui l'amène a séjourner à Haïti en 1947, 1949 et 1954. Là, elle va tourner des heures et des heures de cérémonies vaudou, dont l'intérêt n'est pas seulement ethnologique, mais aussi esthétique tant son obssession pour le mouvement et les aspects chorégraphiques de ses sujets d'observation l'ont marquée. Tellement imprégnée par le vaudou, la légende raconte qu'elle a été choisie comme prêtresse par ses 'danseurs' haïtiens.
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Maya Deren n'achèvera pas le film de son vivant. On peut cependant mesurer l'étendue de son travail d'étude du culte vaudou en lisant son ouvrage Divine Horsemen : The Living Gods of Haiti (1953). C'est également le titre d'un film que Teiji Ito, son dernier mari, a choisi de monter bien des années après la mort de Deren. S'il est difficile de déterminer dans quelle mesure ce film correspond au projet de Maya Deren, nul doute que la puissance d'évocation des images brutes (sans tenir compte du montage) force l'admiration et donne une idée de son intention initiale : documentaire certes, mais aussi picturale, chorégraphique et surtout poétique. Le film a été réédité par les excellentes éditions re:voir.
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