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Période faste pour les films 'importants' ces temps-ci. Après Déjà s'envole la fleur maigre de Paul Meyer et Terre en transe de Glauber Rocha (deux claques énormes, à tel point que j'aurais du mal à en parler sans en trahir la force), je viens d'achever les sept films qui composent La république Marseille (Editions Montparnasse - Geste cinématographique), somme kaléidoscopique réalisée, scénarisée et montée en 2006-2007 par Denis Gheerbrant (dont on avait déjà évoqué le travail ici).
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Période faste pour les films 'importants' ces temps-ci. Après Déjà s'envole la fleur maigre de Paul Meyer et Terre en transe de Glauber Rocha (deux claques énormes, à tel point que j'aurais du mal à en parler sans en trahir la force), je viens d'achever les sept films qui composent La république Marseille (Editions Montparnasse - Geste cinématographique), somme kaléidoscopique réalisée, scénarisée et montée en 2006-2007 par Denis Gheerbrant (dont on avait déjà évoqué le travail ici).
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Dans chacun de ses films, Gheerbrant s'attache à donner une image d'un quartier et/ou d'une thématique de la grande ville du Sud : ses cités, ses quais, ses "replis"... Comme l'indique ce dernier terme (voir le film Marseille dans ses replis), le réalisateur n'est pas à la recherche du clinquant et du cliché de carte postale. Ce qu'il a à nous montrer rend avant tout compte d'un effondrement, d'une catastrophe sociale. Mutations urbaines, fossé entre les générations, perte de la mémoire collective, repli sur soi... Pour autant, les films ne sont pas misérabilistes, principalement grâce au talent qu'a Gheerbrant de simuler la rencontre entre le sujet filmé et le spectateur. Le réalisateur sait choisir ses interlocuteurs et faire en sorte que de leur discours naisse l'émotion et diverses pistes de réflexion. Le dispositif cinématographique, très simple, est d'une grande efficacité (cadrages resserrés sur les interviewés, alternance entre échanges parlés et plans fixes sur des paysages industriels désolés...).
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Tout cela est bien beau, mais faut-il encore s'intéresser à Marseille pour visionner tous ces films. Et c'est là qu'à mon avis ce cycle cinématographique prend tout son sens car en partant de Marseille, Gheerbrant nous parle de La totalité du monde (titre du premier film). En effet, comme dans tout bon roman, une certaine vision de l'universel ne peut être atteinte que par la dissection d'un cas particulier. Ici, c'est donc avant tout la Ville qui est étudiée. C'est la manière dont l'humain s'y intègre, y circule et peut y être écrasé. C'est la façon dont une société, une 'République' se construit, puis se délite peu à peu. Les sept films de La république Marseille constituent ainsi une magnique tentative d'évoquer tous ces mécanismes, sans tomber dans les pièges du reportage, de la simplification didactique et du discours politique.
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