« Que le visible ne s’interprète qu’en référant à l’invisible. Que la
trace, le déchet, l’empreinte, le poil, le détail réfère au fauve qui
est passé. Que ce qu’on voit mendie un Ce fut, a besoin du lointain,
rêve la nuit, circule par l’autre monde, fait fonctionner le sens comme
direction d’une course, d’une précipitation, d’un cheminement, d’une
errance. »
« Les traces, par définition, ne sont donc
jamais visibles en tant que traces. Elles ne sont visibles que si elles
sont cherchées comme des marques de ce qui n’est plus là.
Toute trace est une
bête absente, une chasse possible de ce qui ne s’y voit pas. Seule leur
attente les découvre. Je pose ces deux thèses : Il y a une lecture en
amont de toute écriture comme il y a des signes avant la langue
naturelle.
Toujours l’image qui manque précède. […]
Seul le
mélancolique chasse sans fin (aoristiquement). Seul il voit sans cesse,
partout, la trace du perdu merveilleux, le vestige de la reine,
l’empreinte de la "vraie".
Seul le mélancolique porte avec lui la joie arbitraire et foudroyante. »
Pascal Quignard, Sur le jadis, Paris, Grasset, 2002, pp. 85-86 et 69 (source, voir ici).
2 commentaires:
Ah ça, ça me parle diablement!
Merci! (comme souvent)
Mais de rien, avec plaisir...
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