Les animaux de distance de Paz Boïra (Fremok) évoque une rencontre, un voyage où l'animal apparaît comme le guide et le gardien d'un monde, celui des taillis, qui est peut-être celui de nos rêves. Avec ses belles illustrations qui sont autant de fenêtres vers des lointains (si proches soient-ils), le livre fascine, interroge et rappelle aussi bien le maître récit de Lewis Carroll que ce texte talisman qui ouvre Le versant animal (Bayard) de Jean-Christophe Bailly, et dont on ne peut s'empêcher de livrer quelques lignes ici :
"Or ce qui m'est arrivé cette nuit-là et qui sur l'instant m'a ému jusqu'aux larmes, c'était à la fois comme une pensée et comme une preuve, c'était la pensée qu'il n'y a pas de règne, ni de l'homme ni de la bête, mais seulement des passages, des souverainetés furtives, des occasions, des fuites, des rencontres. Le chevreuil était dans sa nuit et moi dans la mienne et nous y étions seuls l'un et l'autre. Mais dans l'intervalle de cette poursuite, ce que j'avais touché justement, j'en suis sûr, c'était cette autre nuit, cette nuit sienne venue à moi non pas versée mais accordée un instant, cet instant donc qui donnait sur un autre monde. Une vision, rien qu'une vision - le "pur jailli" d'une bête hors des taillis - mais plus nette qu'aucune pensée."
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