Détail de la partition de Water Walk (1959) de John Cage, composition interprétée dans un show populaire à la télévision en 1960 ci-dessous.
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Par des biais détournés, je passe quelques jours à Barcelone et en ai donc profité pour visiter l'exposition L'anarquia del silenci. John Cage i l'art experimental au Museu d'Art Contemporani. Consacrer une rétrospective à ce grand créateur paraît évident tant sa pensée et ses oeuvres cristallisent les enjeux artistiques essentiels du siècle passé : où s'arrête l'art et où commence la fumisterie ? Où se situe la frontière entre l'écoutable, le "musical" et le juste audible ? Comment s'émanciper de la complexification du sérialisme et des autres musiques dites savantes ? Quel est le juste équilibre entre toute puissance du compositeur et intervention de l'interprète ? ...
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L'exposition fait évidemment la part belle à l'évocation sonore et visuelle de l'oeuvre de John Cage. Désormais, avec celui-ci, les partitions (présentées en grand nombre, à juste titre) ne sont plus simplement musicales puisqu'elles contiennent autant d'informations concernant le "concept" et l'interprétation de la pièce que de notes. Plasticien lui-même et convaincu de l'intérêt de la fusion des différents champs artistiques, Cage a croisé la route de nombreux créateurs : Marcel Duchamp, Robert Rauschenberg, Merce Cunningham... Leurs réalisations sont donc mises en parallèle, souvent avec bonheur, avec celles du compositeur. Pour qui prend la peine d'écouter, de lire et de regarder, l'exposition enseigne ainsi une foule de choses. Elle démontre une fois encore, malgré une approche parfois trop académique (pas assez de bruit, pas assez de silence par exemple), que l'iconoclaste mycologue est une des personnalités les plus géniales des dernières décennies.
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