Certains enregistrements sont auréolés d'une aura funeste et apparaissent comme de véritables testaments. C'est le cas du Dernier Récital (EMI) du pianiste Dinu Lipatti à Besançon le 16 septembre 1950. Ce disque est probablement un des plus beaux de musique classique que je connaisse. Après avoir étudié entre autres avec Charles Munch et Alfred Cortot, le jeune Lipatti (né en 1917), d'origine roumaine, entame une carrière retentissante que la seconde guerre mondiale viendra tempérer. C'est durant cette dernière que le pianiste commence à souffrir de la maladie de Hodgkin, qui finira par l'emporter le 2 décembre 1950, à l'âge de 33 ans. Ses principaux enregistrements, pour la firme EMI, datent de l'immédiate après-guerre.
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Durant l'automne 1950, la maladie commence à avoir raison de Lipatti. Contre toute attente (son état est tel que la retransmission en direct est annulée au dernier moment), il montera une dernière fois sur scène pour interpréter un répertoire de certaines de ses pièces favorites : la première Partita de Bach (BWV825); la Sonate pour piano no.8 (K310) de Mozart et des Impromptus de Schubert. Seul effet audible de la maladie et de l'épuisement, il ne jouera que 13 des 14 Valses de Chopin, dont il est resté un des grands exégètes. La musique qui nous est ainsi offerte donne l'impression de planer très haut et marque par sa fluidité, sa force émotive et sa puissance évocatrice. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter le troisième Impromptu de Schubert (par exemple ici) : le reste est à l'avenant.
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