Hier, on suivait la route qui sillonne notre colline quand la grêle a commencé à tomber. Protégé par les arbres en train de reverdir, je suis arrivé à un des plus beaux points de vue sur ma ville. Là où elle devient transparente, là où tous les sons s'annulent pour former une rumeur incessante. Quelques jeunes gens s'y trouvaient déjà, mais nulle sensation d'émerveillement dans leur regard, l'heure était grave. Venaient-ils de commettre un crime ? Non, rasés de près, ornés d'apparats voyants, ils se tenaient immobiles face à un de leurs congénères armé d'un appareil photo dont la taille laissait deviner le sérieux de leur entreprise. Il s'agissait tout simplement de s'approprier le paysage afin de produire un portrait commémoratif. Composaient-ils les forces vives d'un jeune groupe de rock, d'un atelier protégé, d'un échange linguistique ? Ai-je assisté à la naissance d'un mythe ? Tant de questions au risque de se faire écraser le nez et racler la tronche par terre.
J'obliquai et m'enfonçai dans la forêt.
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