"Après la mort de Thórólfr l'Estropié, beaucoup de gens trouvèrent qu'il ne faisait pas bon demeurer dehors dès que le soleil était couché. Quand l'été fut passé, on s'aperçut que Thórólfr ne reposait pas en paix. On ne pouvait jamais rester dehors en paix dès que le soleil était couché. En outre, il se fit que les bœufs qui avaient tiré Thórólfr devinrent ensorcelés et que tout le bétail qui s'approchait de la tombe de Thórólfr devenait furieux et meuglait jusqu'à ce qu'il en meure. Le berger de Hvammr revenait souvent de la maison [disant que] Thórólfr l'avait chassé. En automne, à Hvammr il arriva que ni le berger ni les moutons ne revinrent à la maison. Le lendemain matin, on alla les chercher. On découvrit le berger, mort, à peu de distance de la tombe de Thórólfr. Il était tout noir comme du charbon, tous les os brisés. Il fut enterré sous un tas de pierres à côté de Thórólfr. Quant aux moutons qui étaient allés dans la vallée, on en découvrit une partie morts, le reste s'étant enfui dans la montagne : on ne les retrouva jamais. Si les oiseaux se posaient sur la tombe de Thórólfr, ils tombaient morts. Cela atteignit un tel point que personne n'osait plus mener le bétail paître dans la vallée. Souvent, dehors, les gens entendaient de grands rugissements, à Hvammr la nuit. On découvrit également que quelqu'un hantait la salle commune. Quand vint l'hiver, Thórólfr se montra souvent dans la ferme, s'attaquant surtout à la maîtresse de maison. Il en résulta du mal pour beaucoup de gens, et il s'en fallut de peu qu'elle ne devint folle. Finalement, la maîtresse de maison périt de ces maux. Elle fut également transportée en haut du Thórsárdalr et on l'enterra sous un tas de pierres à côté de Thórólfr.
Après cela, les gens s'enfuirent de la ferme. Alors, Thórólfr se mit à hanter tant d'endroits que toutes les fermes de la vallée furent abandonnées. Ses réapparitions atteignirent un tel degré qu'il mit à mort quelques hommes et que les autres s'enfuirent. On aperçut tous les gens qui étaient morts cheminant en compagnie de Thórólfr."
Saga de Snorri le Godi (traduction et édition par Régis Boyer dans Sagas islandaises, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade) p. 265.
Cette saga, intitulée Saga Thórsnesinga, Eyrbyggia ok Álptfrdinga en islandais, rend compte d'évènements passés au Xe siècle. Elle aurait été composée vers 1230.
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