jeudi 20 juin 2013

Les yeux des hommes et ceux des bêtes






Le bestiaire du photographe Michel Vanden Eeckhoudt n'est (heureusement) ni mignon, ni sympathique. Son pouvoir de fascination est ailleurs, comme l'explique Jean-Christophe Bailly dans une préface à une belle anthologie de photographies intitulée Doux-amer (Delpire, 2013). En voici deux courts extraits :

"Mais si les animaux sont si nombreux dans ce livre comme dans l'ensemble de l’œuvre de Michel Vanden Eeckhoudt, c'est parce qu'avec leur extraordinaire indifférence à la pose et leur non moins extraordinaire aptitude à signifier le vivant, ils sont comme des points de saute du réel, des points d'intensité : non pas tant des motifs que les signes d'une inscription dans le sensible qui est un trouble, une émotion et aussi, il faut le souligner, quelque chose de très difficile à saisir, que la photographie la plupart du temps, à commencer par la photo animalière, ne voit pas, ne comprends pas."

"D'un point à l'autre de l'espace, il y a cette énergie, comme si le vide, ou ce qui semble vide, n'était que l'imminence d'un trop-plein. De cela, de ces présages dont chaque image est la saisie, les yeux sont les témoins. Les yeux et des hommes et ceux des bêtes, pareillement. Et parfois il advient que l'un de ces regards troue l'image et que spontanément, face à elle, nous nous sentions regardés, ce qui n'est qu'une façon de parler ou de détourner la question, la question muette qui se pose en tout regard - et que l'image relance, en redoublant le silence qu'elle a entendu."

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