Dans Tristesse de la terre. Une histoire de Buffalo Bill Cody (Actes Sud, 2014, pp. 46-47), Eric Vuillard évoque notamment le passage de la troupe de Buffalo Bill en France, et à Marseille :
"On raconte qu'à Marseille, à l'occasion de cette tournée, un Indien du nom de Feather Man avait fait une mauvaise chute. Les cascadeurs sont soumis à ce genre d'aléas. On l'avait alors transporté à l'hôpital de la Conception. Son mal empira, la troupe dut repartir. Et il resta ainsi, seul, à l'autre bout du monde, incapable de parler ni français ni anglais, en proie à la fièvre et à la douleur. Le 6 janvier, à quatre heures du matin, après une agonie pénible et solitaire, il mourut. On transporta son cadavre au cimetière Saint-Pierre, où il fut enterré carré n°8, tranchée 19, piquet n° 2. Les années passèrent. Personne de réclama le corps. Ses restes furent exhumés et jetés à la fosse commune.
Dans chaque cimetière, il y a une division pour les pauvres, un petit carré mal entretenu, recouvert d'une lourde trappe, sans croix, sans nom, sans rien. Quelquefois, un galet est posé par terre, un bouquet sec, un prénom est tracé à la craie sur le sol, une date. C'est tout. Il n'y a rien de plus émouvant que ces tombes. Ce sont peut-être les tombes de l'humanité. Il faut les aimer beaucoup."
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