Encore sous le choc du "concert" du saxophoniste John Butcher, j'entame la lecture du livret qui accompagne son album Resonant Spaces (Confront). A la faveur d'un projet de collaboration avec l'artiste Akio Suzuki en juin 2006, différents lieux naturels ou construits par l'homme en Ecosse ont été choisis pour leurs propriétés acoustiques exceptionnelles afin d'y faire jouer le saxophoniste. Ce dernier a par exemple investi le site néolithique des pierres levées de Stenness (dans les Orcades), un ancien réservoir à Wormit, le Tugnet Ice House et la grotte de Smoo. Le son ainsi capté est d'une puissance et d'une amplitude exceptionnelles, conférant à son écoute une expérience tant physique qu'esthétique. John Butcher alterne sifflements quasi inaudibles, larsens et "chants" de souffle circulaire. A posteriori, on rêve d'avoir assisté in situ à ces performances.
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Un des lieux visités m'évoque immédiatement les dérives mélancoliques de l'écrivain W.G. Sebald : le Hamilton Mausoleum, situé dans le South Lanarkshire. Construit entre 1842 et 1858 pour accueillir le sarcophage égyptien de l'excentrique Duc Alexandre, ce bâtiment est un des plus grands mausolées au monde. Cette entreprise mégalomane d'un prix apparemment exorbitant pour l'époque, comprend des sculptures inspirées de l'art antique que le Duc connaissait bien grâce à son activité de pourvoyeur d'œuvres d'art pour le British Museum. Cette architecture d'exaltation de la mort et de l'éternité possède également la particularité d'avoir un des plus longs échos que l'on puisse initier dans un bâtiment en Europe. On comprend donc que le mausolée ait été utilisé comme "scène" par le musicien.
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Il y a quelque chose d'ironique dans l'utilisation d'un tel lieu pour y jouer de la musique. L'art du temps qu'est cette dernière apparaît en effet dans ce lieu dévolu à la négation du temps comme le détail discordant d'une nature morte. Telle une mouche posée sur un fruit en train de se décomposer ou une corde cassée d'un instrument abandonné, le son créé dans ce contexte, même s'il est réverbéré et donc prolongé, me semble souligner la Vanité du lieu, par son instantanéité, ainsi que sa beauté mouvante et fuyante.
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Un des lieux visités m'évoque immédiatement les dérives mélancoliques de l'écrivain W.G. Sebald : le Hamilton Mausoleum, situé dans le South Lanarkshire. Construit entre 1842 et 1858 pour accueillir le sarcophage égyptien de l'excentrique Duc Alexandre, ce bâtiment est un des plus grands mausolées au monde. Cette entreprise mégalomane d'un prix apparemment exorbitant pour l'époque, comprend des sculptures inspirées de l'art antique que le Duc connaissait bien grâce à son activité de pourvoyeur d'œuvres d'art pour le British Museum. Cette architecture d'exaltation de la mort et de l'éternité possède également la particularité d'avoir un des plus longs échos que l'on puisse initier dans un bâtiment en Europe. On comprend donc que le mausolée ait été utilisé comme "scène" par le musicien.
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Il y a quelque chose d'ironique dans l'utilisation d'un tel lieu pour y jouer de la musique. L'art du temps qu'est cette dernière apparaît en effet dans ce lieu dévolu à la négation du temps comme le détail discordant d'une nature morte. Telle une mouche posée sur un fruit en train de se décomposer ou une corde cassée d'un instrument abandonné, le son créé dans ce contexte, même s'il est réverbéré et donc prolongé, me semble souligner la Vanité du lieu, par son instantanéité, ainsi que sa beauté mouvante et fuyante.
Pour plus d'infos sur John Butcher et d'autres pistes d'écoute, voir son portrait et 12 disques chroniqués par Globe Glauber sur le site de la Médiathèque, ainsi qu'une sélection des disques et films favoris du musicien.
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