mercredi 27 octobre 2010

Et devant l'Univers on vous condamnera

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Un petit week-end en Lorraine m'a permis de passer sur un haut lieu de la Grande Guerre situé non loin de Verdun : la crête des Eparges. D'après ce que j'ai pu lire ça et là, les combats y furent effroyables. D'ailleurs, presque 100 ans plus tard, le paysage en porte toujours les stigmates (voir la première photo ci-dessus). Les immenses entonnoirs qu'on y voit toujours résultent de l'explosion de mines. La possession de cet endroit stratégique, dominant la plaine, permettait le contrôle de l'artillerie sur une large zone. Les nombreux monuments aux morts, le cimetière, les bunkers et ces photographies cultivent la mémoire d'une Histoire dure et pourtant si éloignée de nous. La nature riche et verdoyante a d'ailleurs recouvert les ossements et autres restes macabres. Cela n'empêche pas de s'y balader avec un étrange sentiment de perte et de mélancolie. Pour l'anecdote, le romancier Alain Fournier y a été porté disparu en septembre 1914. Pour sa part, Ernst Jünger y reçut sa première blessure, comme il le raconte dans Orages d'acier. Ci-dessous, je vous livre le poème d'un réserviste français du 106e régiment d'infanterie, trouvé ici :
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"La crête des Eparges

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Vous vous plaignez, bandits : croyez vous donc, vous autres,

Que votre sort était plus mauvais que le nôtre ;

Et si pendant six mois, dans la boue, sous le froid,

Nous avons résisté ayant l’onglée aux doigts,

C’est que dans notre cœur nous avons l’Espérance

De vous chasser du sol de notre douce France.

Vous repousser chez vous, désireux qu’à la fin

Redeviennent français la Lorraine et le Rhin.

Imitant nos aïeux chantant la marseillaise ,

Comme eux nous nous battons, crâneurs, « à la française »

Dédaignant malgré tout vos façons d’assassins,

De la « Hauteur de Combres » et du bois de sapins

Nous vous avons chassés, ajoutant dans l’Histoire

Au prix de notre sang, une page de gloire.

C’était l’Enfer !…Vraiment… Ce n’était pas assez

Pour les crimes sans nom que nous devons venger :

Car pour vous tout est bon, le vol et l’incendie

Cruels vous commettez toutes les infamies ;

Mais bientôt d’expier, l’heure enfin sonnera,

Et devant l’Univers on vous condamnera.

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10 mai 1915"

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