.
.
.
.
.
Un petit week-end en Lorraine m'a permis de passer sur un haut lieu de la Grande Guerre situé non loin de Verdun : la crête des Eparges. D'après ce que j'ai pu lire ça et là, les combats y furent effroyables. D'ailleurs, presque 100 ans plus tard, le paysage en porte toujours les stigmates (voir la première photo ci-dessus). Les immenses entonnoirs qu'on y voit toujours résultent de l'explosion de mines. La possession de cet endroit stratégique, dominant la plaine, permettait le contrôle de l'artillerie sur une large zone. Les nombreux monuments aux morts, le cimetière, les bunkers et
ces photographies cultivent la mémoire d'une Histoire dure et pourtant si éloignée de nous. La nature riche et verdoyante a d'ailleurs recouvert les ossements et autres restes macabres. Cela n'empêche pas de s'y balader avec un étrange sentiment de perte et de mélancolie. Pour l'anecdote, le romancier Alain Fournier y a été porté disparu en septembre 1914. Pour sa part, Ernst Jünger y reçut sa première blessure, comme il le raconte dans
Orages d'acier. Ci-dessous, je vous livre le poème d'un réserviste français du 106e régiment d'infanterie, trouvé
ici :
.
"La crête des Eparges .
Vous vous plaignez, bandits : croyez vous donc, vous autres,
Que votre sort était plus mauvais que le nôtre ;
Et si pendant six mois, dans la boue, sous le froid,
Nous avons résisté ayant l’onglée aux doigts,
C’est que dans notre cœur nous avons l’Espérance
De vous chasser du sol de notre douce France.
Vous repousser chez vous, désireux qu’à la fin
Redeviennent français la Lorraine et le Rhin.
Imitant nos aïeux chantant la marseillaise ,
Comme eux nous nous battons, crâneurs, « à la française »
Dédaignant malgré tout vos façons d’assassins,
De la « Hauteur de Combres » et du bois de sapins
Nous vous avons chassés, ajoutant dans l’Histoire
Au prix de notre sang, une page de gloire.
C’était l’Enfer !…Vraiment… Ce n’était pas assez
Pour les crimes sans nom que nous devons venger :
Car pour vous tout est bon, le vol et l’incendie
Cruels vous commettez toutes les infamies ;
Mais bientôt d’expier, l’heure enfin sonnera,
Et devant l’Univers on vous condamnera.
.
10 mai 1915"
.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire