Sur la pente sud ouest, un bâtiment discret bien que de taille imposante abrite une collection hétéroclite d'objets. Accrochés à un réseau complexe de cordes, ils ont été apportés, accumulés au fil du temps par quelques fous, passants et mécènes de fortune. Depuis presque dix ans, je travaille à l'inventaire des lieux, écrivant des fiches, accueillant les visiteurs, honorant les cimaises. L'art qu'on y expose n'est ni pauvre, ni brut, ni pompier. Non, il s'agit de bien autre chose, qui ne se conçoit que sur place. Une de mes principales tâches est la suivante. Lorsqu'un curieux pénètre le bâtiment, le mouvement de la porte enclenche un mécanisme mettant en branle le système de cordes auxquelles pendent les œuvres. Et celles-ci de bouger sans aucune logique, lâchées dans une danse frénétique que certains interprètent comme une allégorie de l'Histoire, de l'Accélération et de la Perte. Mais ceux qui y réfléchissent trop manquent souvent de se faire assommer. A chaque représentation, un objet tombe et se brise au sol. Je dois alors ramasser ces résidus d'art, ces éclats de beau et les vider en sachets numérotés. Si ce travail a son utilité, j'ai trop traîné là-bas armé d'une pelle et d'un balai.
Je quitte le musée.
En avant.
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