Le silence des bêtes. La philosophie à l'épreuve de l'animalité, la somme d'Elisabeth de Fontenay initialement parue en 1998 est enfin rééditée en poche ce jour. On en trouve une recension ici. On peut également lire là un entretien avec la philosophe paru en 2000 dans la revue Vacarme. Et ci-dessous, la présentation de l'éditeur.
"L'Antiquité fut en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes. Car si les
hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils
s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour elles de la
considération. Certes, bien des questions demeuraient ouvertes, et les
philosophes de ce temps ne manquèrent pas de s'entredéchirer en tentant
d'y répondre. Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ?
Ont-ils la même sensibilité que nous ? Faut-il s'interdire de les manger
? Mais pourquoi donc restent-ils silencieux ? Depuis que Dieu s'est fait
homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel un agneau,
c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a
radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de
verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le
différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des
êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion
comparés à des pommes de terre (Kant). Des hommes d'esprit et de coeur
font bien sûr exception, au XVIIIe siècle surtout. A leur suite,
Michelet dénoncera prophétiquement l'injustice faite aux animaux et
annoncera que c'est compromettre la démocratie que de les persécuter. Au
XXe siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux
courants philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons
les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités
quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme,
ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du
trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la
conscience de soi. Ce livre expose avec clarté la façon dont les
diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à
Derrida, ont abordé l'énigme de l'animalité, révélant par là même le
regard que chacune d'elle porte sur l'humanité. C'est pourquoi on peut
le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie."
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