Trois poèmes du Portugais Herberto Helder issus du recueil Du monde (1994) (de l'anthologie Le poème continu 1961-2008 chez Gallimard)
"A la très-lente dont les cinq doigts puissants
désignent
ce sillon du coeur qui ruisselle de lumière,
et l'assaille, les cinq autres doigts sur la respiration,
les tubulures du corps vibrant
à la voix, l'émoi.
La force de la parole submergée m'ouvre tout entier, m'ouvre à travers abdomen et diaphragme, poumons, bronches, trachée, glotte,
palais, denture et langue
la cavité buccale : un chant,
le grand vent du corps.
Quand sur le coeur frémit ce sillon d'eau.
A la très-lente dans le monde."
"Œuvre à cette chose ancienne tandis que le monde marche sur son centre,
comme si chaque point de ton ouvrage formait le cœur du monde."
"S'il se pouvait, si un insecte insigne pouvait,
avec son nom originel,
entrer dans la turquoise, monstrueuse par l'expansion
de la couleur et de l'exemple,
s'il pouvait jusqu'au cœur de la pierre, jusqu'en son propre cœur dévorer la matière exaltée,
par soi, par elle et par son nom primordial il resterait vivant : profondément en un noeud corporel unique,
et brillerait jusqu'à se consumer
lui-même, tout entier - mais la terre, en supporterait-elle le poème ?"
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