Le
petit garçon ne s’attendait pas à se retrouver seul sur ces hauteurs
arides. Et comme un chien accroché par une corde dans le fond d’un
jardin crotté, il ne parvient pas à s’éloigner, tourne
en rond, finit par japper et hurler à la lune. Pour manger, il a
d’abord épuisé le contenu de son cartable : une pomme, trois tranches de
pain, un morceau de fromage. Il a cueilli des mûres, usé ses dents sur
quelques noisettes encore vertes. Mais où est
donc Maman ? La nuit est tombée, les arbres ont étendu leurs bras sur
le sol. La plénitude des soirs – le chocolat, les ours sympathiques et
les chansons douces – n’est plus qu'une suite de lettres, de plus en plus floues. Le petit garçon a
cherché un endroit pour se coucher, s’est
ému du passage de deux rats, s’est écorché les paumes sur un tas de
canettes. Il erre et il a peur. Mais où est donc Maman ? On croise
souvent la route de ces hommes en loques, naufragés sous les porches et
les tunnels, couchés béats dans les halls
de gares. Mais ce que l’on sait moins, c’est que nos squares, nos bois
et nos terrils regorgent d’enfants perdus, aux pieds tordus à force de
trébucher, aux joues creusées de rigoles. En quête d’une compote en
berlingot, d’une histoire de pirates ou d’une
couverture ornée d’avions de couleurs, le petit garçon veut rentrer
chez lui, mais le terril a faim.
En avant.
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