Pour les voir, il faut lever les yeux, mais ils sont toujours là, attirés par l'air et les lueurs du ciel. Avec le vent dans le nez, gesticulant parfois pour ne pas tomber, ils parviennent tant bien que mal à garder l'équilibre, épousant le fil de leur pas. Pour ceux qui chantent et jouent de la musique, ce fil est comme une portée élémentaire de part et d'autre de laquelle des notes et des sons, joyeux, insolents, un peu sauvages aussi, gravitent avant de s'éteindre. Pour ceux qui écrivent, ce fil transmet tous les mots, tous les vers et tous les dictionnaires. Il suffit de le toucher pour que les phrases, et peut-être le sens, jaillissent. Pour ceux qui dansent, tellement mal que c'en est émouvant, ce fil est comme la scène de spectacles que seuls les nuages regardent avec langueur et effacement. Et puis ce fil est aussi un refuge, voire une estrade, pour tous ceux que les autres, ceux qui ont les pieds rivés au sol et regardent tout droit, ne veulent pas voir.
Ce sont des funambules, des danseurs de cordes, des rêveurs. Seuls ceux qui défient la pesanteur sont encore des humains.
En avant.
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